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La relève est arrivée

Lausanne
Salle Métropole
01/09/2017 -  et 10* janvier 2017
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n° 5 «L’Empereur», opus 73
Charles Gounod: Symphonie n° 2

Igor Levit (piano)
Orchestre de chambre de Lausanne, Bertrand de Billy (direction)


I. Levit, B. de Billy (© Antoine Lévy-Leboyer)


La réputation d’Igor Levit a démarré après la publication il y a deux ans d’un album comportant les dernières sonates de Beethoven, œuvres emblématiques s’il en est. La prestation du pianiste germano-russe laissait entrevoir un artiste qui reprenait l’approche de ces pianistes architectes capables de faire ressortir les grandes lignes d’œuvres complexes que sont ces Sonates. C’est un coup pour l’Orchestre de chambre de Lausanne (OCL) que d’avoir identifié et fait venir une telle personnalité.


Ce concert a en tout point confirmé son grand talent. La lecture qu’il donne du Concerto «L’Empereur» est celle d’un jeune artiste plein de vie et d’enthousiasme. Le premier mouvement (Allegro) est conquérant et plein d’assurance. Chef et soliste trouvent un tempo chantant idéal dans l’Adagio, où la qualité de toucher et le cantabile du pianiste font merveille. Le Rondo final est plein de vie et privilégie les moments de sérénité amenant ainsi avec naturel les pages finales où le piano dialogue avec les timbales. Il y a à la fois une brillance technique, une fraîcheur mais aussi une compréhension de là où va la musique pour mieux la caractériser.


L’accompagnement de l’Orchestre de chambre de Lausanne était très inspiré. Les pupitres sont clairs et la disposition de contrebasses de chaque côté de la scène donne une bonne assise sonore à l’ensemble. Le démarrage de l’Adagio est un passage plus délicat qu’il n’y paraît, les cordes doivent jouer piano mais en sourdine. Bertrand de Billy évite que le son des instruments soit trop mince voire détimbré et obtient douceur et lumière de ses musiciens. Il y a également de nombreux passages concertants au piano marqués par Beethoven sempre pp que Levit joue avec fluidité, soutenu par un orchestre attentif à ce que les parties soient bien équilibrées.


Voici en fin de compte une interprétation essentielle de ce Concerto, et voici surtout la confirmation que le flambeau des Fischer, Serkin et Pollini est bien repris. Le public ne s’y est pas trompé et a fait un triomphe au pianiste qui donne en bis une Polka de Chostakovitch pleine d’humour et de fantaisie.


Donnée en seconde partie, la Deuxième Symphonie de Gounod est une vraie rareté: qui savait que le compositeur de Faust avait également écrit trois symphonies? L’Allegro agitato initial n’est pas sans évoquer certaines pages de Schubert et l’écriture aux cordes est très réussie. Le Larghetto a beaucoup de charme et la musique qui s’anime progressivement rappelle que Gounod est bien un compositeur d’opéra. Le Scherzo est élégant et seul le finale est un peu en dessous en dépit de quelques beaux solos des bois. L’orchestre joue cette symphonie avec légèreté et grâce. Bertrand de Billy, premier chef invité de l’OCL, fait avancer et respirer cette musique avec élégance. Le chef français a assuré la période d’intérim entre le départ de Christian Zacharias et l’arrivée de Joshua Weilerstein à la direction musicale de l’OCL et on sent la qualité du rapport qui s’est développé entre le chef et ses musiciens.


Mais ne nous trompons pas, cette soirée était celle d’Igor Levit. Il faut se réjouir de voir arriver de tels talents et nous attendons avec curiosité et impatience ses prochaines rencontres.


Le concert sur le site de la Radio télévision suisse
Notre entretien (en anglais) avec Igor Levit



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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