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Engouement brucknérien Paris Philharmonie 01/05/2017 - Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie concertante pour violon et alto en mi bémol majeur, K. 320d [364]
Anton Bruckner : Symphonie n° 1 en ut mineur (édition Haas) Wolfram Brandl (violon), Yulia Deyneka (alto)
Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim (direction)
D. Barenboim (© Monika Rittershaus)
C’est dans une ambiance d’hôpital de campagne qu’a eu lieu à la Philharmonie de Paris le premier concert de la seconde partie du cycle Mozart/Bruckner que proposent au public parisien la Staatskapelle de Berlin, orchestre fondé en 1570, et son directeur musical, le chef Daniel Barenboim. Certes ce milieu d’hiver est rigoureux mais jamais tousseurs, moucheurs, éternueurs de tout poil ne s’en sont autant donné à cœur joie. Si chef est resté stoïque, en revanche il l’était un peu moins quand il s’est aperçu que le public prenait pour habitude d’applaudir à la fin des mouvements... Nouveau public, nouvelles mœurs? Le plus étonnant est que Bruckner, qui a plutôt mauvaise réputation auprès des organisateurs de concert, semble susciter un engouement nouveau à Paris et faire salles pleines. Qui s’en plaindrait?
On ne pense pas que ce puisse être l’effet Mozart car pour chaque symphonie de Bruckner jouée, un concerto de Mozart est offert en préambule avec le chef Barenboim au piano (le cycle est coproduit avec «Piano 4 étoiles»). Ce soir là pour accompagner la Première Symphonie de Bruckner jouée dans la version définitive de Robert Haas de 1934, il y avait exception et c’est la Symphonie concertante pour violon et alto qui ouvrait le concert. Jouée avec un équilibre souverain et deux excellents solistes peu connus en France, le violoniste allemand Wolfram Brandl et l’altiste russe Yulia Deyneka, membre du West-Eastern Divan Orchestra et aujourd’hui membre fixe de l’Ensemble Boulez, elle sonnait comme une évidence, personne ne tirant la couverture à soi et constituait une parfaite introduction à l’univers de l’autre grand compositeur autrichien au programme.
Il est frappant d’entendre comme cette Première Symphonie de Bruckner (si l’on excepte un «devoir scolaire» et la Nullte ou n° 0) possède en germe le grand souffle qui anime celles de la fin: les trouvailles rythmiques sont nombreuses, la science du développement des thèmes, si elle n’est pas à son apogée comme dans la Septième, est déjà très élaborée. Seul le génie mélodique est moindre mais l’unité des thèmes est parfaite. La Staatskapelle, qui en enregistre l’intégrale avec Barenboim, en a donné une interprétation impeccable, chaleureuse, très équilibrée malgré les nombreuses tentations de faire briller les pupitres dans certains passages virtuoses. Barenboim a dirigé avec une très grande sérénité ce premier chef-d’œuvre symphonique du maître de Linz.
Le site de Daniel Barenboim
Le site de l’Orchestre de la Staatskapelle de Berlin
Le concert en intégralité sur le site medici.tv:
Olivier Brunel
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