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Les marié(e)s tournent

Karlsruhe
Staatstheater
10/21/2016 -  et 5* novembre, 21 décembre 2016, 11 janvier 2017
Giuseppe Verdi : Macbeth
Seung-Gi Jung (Macbeth), Katrin Kapplusch (Lady Macbeth), Avtandil Kaspeli (Banco), James Edgar Knight (Macduff), Klaus Schneider (Malcolm)
Chor und Orchester des Badischen Staatstheaters Karlsruhe, Johannes Willig (direction musicale)
Holger Müller-Brandes (mise en scène), Philipp Fürhofer (décors et costumes), Hélène Verry (chorégraphie), Achim Göbel (vidéo)


(© Philipp Fürhofer)


Le travail d’un intense et bouleversant dépouillement accompli ici-même à Karlsruhe par le metteur en scène Holger Müller-Brandes dans La Passagère de Weinberg incitait à revenir voir ce qu’il pourrait tirer de l’ambiance noire d’un Macbeth de Verdi. Cette lecture scénique a été cette fois très mal accueillie par la critique, lors des premières représentations, mais la tentation de passer outre a été la plus forte, sans que l’on s’en trouve vraiment récompensé.


Bizarrerie absolue que ce décor composé d’un simple praticable vitré qui tourne sans arrêt sur une scène vide, avec en fond de scène circulaire un paysage urbain la nuit (les gratte-ciel de Francfort ?). Costumes contemporains où les tenues de mariés surabondent, d’abord conventionnelles puis de plus en plus débraillées, avant de revenir progressivement à leur sagesse d’origine. Manifestement l’intrigue est surtout vue comme une crise de la notion de couple, avec un retour progressif vers une normalisation. On ne sait pas très bien qui gagne à l’issue de cette curieuse histoire, si ce n’est la réaffirmation d’une certaine rectitude sociale après une période d’errance.


A la lecture du bref argumentaire du programme, le projet ne paraît pas dénué de sens mais la monotonie du résultat, peut-être accentuée par une reprise négligente, apparaît vite dissuasive. Ne subsistent que quelques images prenantes : la forêt de Birnam, projections vertes sur une foule de mariées en robe blanche en rotation sur la scène tournante, ou encore une scène de somnambulisme surréaliste avec les personnages du médecin et de la femme de chambre en train de valser sans fin au fond, comme l’image rêvée du couple idéal que les Macbeth n’ont jamais réussi à former... On retrouve partout la patte du décorateur de Philipp Fürhofer, collaborateur régulier notamment du metteur en scène Stefan Herheim : une imagination qui tente de dégager d’une pièce bien connue un sublimat inédit, dont la volatilité peut ouvrir des perspectives intéressantes même si celles-ci n’ont plus aucun rapport avec l’original. Le problème étant que cette fois aucune réaction chimique décisive ne se produit et qu’on en reste à une suite d’images trop souvent répétées et dont les intentions échappent.


La Lady Macbeth de Katrin Kapplusch possède le volumineux format requis pour ce rôle mais sa discipline vocale paraît nettement perfectible. On a l’impression d’une Turandot égarée dans une vocalité étrangère, qui manque de souplesse et d’ombres inquiétantes pour incarner un emploi trop complexe. Tout reste d’une seule pièce, ce qui est un peu le cas aussi pour le Macbeth de Seung-Gi Jung, voix d’un beau velours mais qui n’exprime pas grand chose voire marquée déjà de quelques signes d’usure. Banquo un peu massif mais compétent d’Avtandil Kaspeli, et malheureusement un Macduff aigrelet et incertain, jeune ténor fragile lancé beaucoup trop tôt dans le grand bain.


Reprise routinière donc, y compris du côté de chœurs mal contrôlés et d’un orchestre qu’on a connu dans des jours de meilleure forme. Comme la fin sans gloire d’un projet laissé en roue libre, alors que plus personne n’y croit depuis longtemps.



Laurent Barthel

 

 

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