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Reconnaissance

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Victoria Hall
12/19/2016 -  
Ludwig van Beethoven: Symphonie n° 8, opus 93
Anton Bruckner: Symphonie n° 3 (version Nowak, 1889)

Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin, Marek Janowski (direction)


C’est avec un petit pincement au cœur que le public du Victoria Hall a vu remonter sur le podium pour cette unique soirée Marek Janowski, qui a été le directeur musical de l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) pendant huit ans. Durant cette période, il a été associé avec une période délicate mais faste, où il a régulièrement élevé le niveau de son ensemble. Il lui a fait parcourir des pans entiers du répertoire et a surtout réussi à familiariser ses musiciens d’inspiration française à se sentir également à leur aise dans le style allemand, en particulier dans la musique d’Anton Bruckner. Ce n’était pas une surprise voir parmi le public plusieurs des musiciens de l’OSR, des membres de son administration et son ancien directeur général, Steve Roger.


Le public genevois a déjà pu apprécier dans le passé sa lecture de la Huitième Symphonie de Beethoven et la Troisième Symphonie de Bruckner est un des sommets de son intégrale gravée avec l’OSR. Mais le son de son orchestre d’inspiration allemande est très différent de celui, plus français, de l’OSR. Le niveau instrumental est très élevé, mais ce qui frappe est que les bois sont plus fondus dans la masse sonore tandis que les cordes ont bien plus d’amplitude et de couleur. Contrebasses et violoncelles sonnent avec netteté et relief. Janowski avait fait progresser les cuivres de l’OSR et même si les cors avaient quelques petits accrocs, leurs collègues allemands sont d’une grande solidité. Mais surtout, la dynamique est large et les pupitres s’équilibrent avec naturel quelles que soient les nuances demandées par l’œuvre.


Janowski reste ce maître austère et exigeant, plus autoritaire que souriant. Dépourvue de sentimentalité, Sa lecture de la Huitième Symphonie de Beethoven est impérieuse. Si l’Allegro vivace final manque un peu de de charme, le premier mouvement frappe par son caractère dramatique et son énergie. Signe de la qualité allemande, les pupitres de cordes intermédiaires, seconds violons et altos, soutiennent avec vigueur le crescendo des développements. Les dialogues entre premiers violons et violoncelles/contrebasses sont exemplaires et montrent ce qui manque actuellement à l’OSR. La lecture est pleine de caractère grâce au rubato discret mais efficace du chef. Le Tempo di Menuetto bénéficie d’un léger accelerando tandis que le Trio plus bucolique annonce déjà ce que fera Bruckner dans ses Symphonies.


C’est un effectif imposant que le public retrouve en seconde partie pour la Troisième Symphonie, dite «Wagner», de Bruckner. Janowski, qui dirige sans partition, a marqué de son empreinte le compositeur autrichien, suivant ainsi une tradition établie par des chefs tels que Jochum. Il dégage les grandes lignes d’une partition riche et complexe avec un soin particulier au phrasé et à la respiration. Le pupitre des trompettes, qui est considérablement mis à contribution dans cette œuvre, est particulièrement éblouissant. En dépit de la difficulté que représente l’acoustique de Victoria Hall, en dépit de la densité de l’écriture orchestrale brucknérienne, les tutti sont équilibrés et il se dégage un sentiment de cohésion fort. Le chef fait ressortir les grandes respirations de l’Adagio, le Scherzo aux rythmes paysans est plein de vie et le deuxième thème aux cordes du Finale est particulièrement élégant.


Très applaudis, les musiciens donnent en bis un Prélude du troisième acte des Maîtres Chanteurs de Wagner tout simplement magique. Violoncelles et contrebasses démarrent avec une richesse sonore rare avant que les thèmes ne passent à tous les pupitres avec souplesse et fluidité. A nouveau, on ne peut que reconnaître l’autorité des musiciens allemands dans leur musique st surtout repenser à ce qu’un chef de la stature de Janowski a pu apporter à l’OSR en son temps.


Cette année est la dernière année où Janowski exerce les fonctions de directeur musical de l’Orchestre symphonique de la Radio de Berlin: c’est Vladimir Jurowski qui reprendra ce rôle la saison prochaine. Janowski fera exception à son souhait de ne plus diriger d’opéra en scène et sera dans la fosse à Bayreuth cet été pour une deuxième saison pour le Ring. Quand pourrons-nous le réentendre à Genève?



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Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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