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Trop... positif ?

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Victoria Hall
11/27/2016 -  
Franz Schubert: Sonates pour piano n° 15, D. 664, et n° 22, D. 959
Frédéric Chopin: Ballade n° 1, opus 23
Franz Liszt:Harmonies poétiques et religieuses: «Funérailles» – 1. Mephisto-Walzer

Daniel Barenboim (piano)


D. Barenboim (© Peter Adamik)


C’est un public nombreux au sein duquel figuraient Martha Argerich et Radu Lupu qui a bravé les premières températures hivernales pour remplir le Victoria Hall pour ce récital. Pour cette soirée, Daniel Barenboim avait choisi des compositeurs qui ne lui sont pas si familiers dans un répertoire pourtant si étendu. Il n’a que récemment joué les sonates de Schubert auxquelles il a consacré de nombreux récitals ces dernières années. Quand à Liszt, il a été l’objet de quelques explorations et de plusieurs enregistrements et Chopin est pratiquement absent de ses concerts.


Daniel Barenboim a bien évidemment travaillé ces pièces avec ses qualités habituelles. Il y a en particulier une intelligence du texte permanente, un soin apporté à une quantité de détails qui servent la continuité du discours musical et une recherche de l’architecture, que ce soit dans des longues formes chez Schubert ainsi que dans des pièces plus concentrées chez Liszt ou Chopin. Les tempi sont allants et vifs sans être modérés et la musique avance. Il n’y a pas de sentimentalité ni d’alanguissement exagéré qui vienne briser la cohérence de la ligne.


Mais il est possible cependant de vouloir trouver plus de dramatisme et d’ambition dans la musique de Schubert. Il y a dans ces sonates des passages mélodiques pleins de charme mais aussi des changements harmoniques et des nuances marquées où s’exprime une angoisse profonde et qui font de Schubert un compositeur moderne qui annonce Mahler. Ces éléments sont ici gommés: le Schubert de Barenboim est d’une musicalité rare mais il nous rappelle ce que l’on faisait du compositeur viennois avant qu’un Artur Schnabel ne vienne le dépoussiérer et montrer que ce n’est pas un répertoire pour «jeunes filles», ouvrant ainsi la voie à une redécouverte de cette musique. C’est un Schubert trop détendu et trop... positif qui nous est présenté ici.


Les mêmes qualités sont évidemment présentes dans la seconde partie. Daniel Barenboim n’a peut-être plus la technique pour faire ressortir le diabolisme de la Méphisto-Valse de Liszt ou briller dans le Presto con fuoco de la Première Ballade de Chopin. Mais comme son professeur Arthur Rubinstein, il sait trouver dramatisme et couleurs dans des impressionnantes «Funérailles» et le rubato et la liberté qu’il déploie dans la musique de Chopin rappellent ce que le compositeur polonais trouvait dans le bel canto italien. Enfin, dans les passages de conclusion de la Ballade, Barenboim n’a nul besoin de se précipiter pour faire chanter son instrument avec un réel bonheur.


Très applaudi par son public concentré, Daniel Barenboim nous donne en bis unNocturne opus 27 n° 2 plein d’intériorité puis le chef d’opéra que l’on connait en lui revient dans une Paraphrase sur «Rigoletto» de Liszt pleine de panache.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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