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Arrière-scène foisonnante

Toulouse
Théâtre du Capitole
11/18/2016 -  et 20, 22, 25, 27, 29 novembre 2016
Gioacchino Rossini : Il Turco in Italia
Pietro Spagnoli (Selim), Sabina Puértolas (Fiorilla), Alessandro Corbelli (Don Geronio), Yijie Shi (Narciso), Franziska Gottwald (Zaida), Anton Rositskiy (Albazar), Zheng Zhong Zhou (Prosdocimo)
Chœur du Capitole, Alfonso Caiani (chef de chœur), Orchestre national du Capitole de Toulouse, Attilio Cremonesi (direction musicale)
Emilio Sagi (mise en scène), Javier Ulacia (collaboration artistique), Daniel Bianco (décors), Pepa Ojanguren (costumes), Eduardo Bravo (lumières)


(© Patrice Nin)


Si l’ouvrage ne confisque pas autant les faveurs des salles que Le Barbier de Séville ou L’Italienne à Alger, Le Turc en Italie bénéficie d’une aussi estimable que justifiée audience à laquelle participe le Théâtre du Capitole grâce à une coproduction réalisée avec Santiago et Oviedo, confiée à Emilio Sagi. Le travail de ce dernier, bien diffusé depuis maintenant plus de trois décennies sur l’ensemble de la planète lyrique, n’est pas inconnu à Toulouse, où on y a applaudi une Dona Francisquita reprise en décembre 2014.


La généreuse pâte du metteur en scène espagnol, non avare de vitalité, se reconnaît dans un spectacle où d’aucuns décèleront une excessive agitation de l’anecdote pittoresque. Le décor dessiné par Daniel Bianco fait en effet la part belle à la carte postale napolitaine, dont il condense les clichés sur le plateau. L’accumulation de strates naturalistes et de gags avec pizzeria et Vespas obligées finit par défier la vraisemblance et confine à la saturation: un porche que l’on croirait emprunté à la Galleria Umberto I laisse deviner une cour du centre historique de Naples et voisine avec des façades populeuses, tandis que côté jardin, un horizon au-delà d’un sentier pentu pourrait évoquer le quartier de Chiaia. Cette toile de fond sert de théâtre à un fourmillement de saynètes secondaires qui étoffent le contexte comique et relèguent les protagonistes véritables de l’intrigue à l’avant du plateau, sans leur imposer un jeu d’acteurs en contradiction avec le confort de l’émission vocale, au risque de limiter l’épaisseur de leurs incarnations – ce dont le poète Prosdocimo fait particulièrement les frais. Tout en s’abstenant de parasiter la réalisation musicale, un tel habillage peut plus d’une fois en distraire quelque peu, sans pour autant altérer le plaisir du spectateur.


En Selim, Pietro Spagnoli affirme un métier évident, magnifié par une rondeur et une intelligence du texte rossinien au meilleur de leur forme. Alessandro Corbellli dément presque les stigmates de l’âge et livre un Don Geronio aussi nuancé que crédible, aussi dépassé par les frasques de son épouse qu’attaché à elle. Cette dernière revient à une Sabina Puértolas qui ne se montre pas économe de sa virtuosité et de ses aigus, quand bien même Fiorilla ne déparerait pas avec moins de pépiements. Zaida un temps rivale, Franziska Gottwald ne néglige pas les ressources de son timbre pour mettre en valeur sa vindicte. Si l’éclat et la facilité du Narciso de Yije Shi résument sans faillir le stéréotype du tenorino, on pourra lui préférer le chatoiement du prometteur Anton Rosiskiy en Albazar, et dont témoigne son air exigeant à la fin du deuxième acte. Quoiqu’estimable, le Prosdoscimo de Zheng Zhong Zhou demeure passablement en retrait, victime de la conception générale de la production.


Préparés par Alfonso Caiani, les chœurs remplissent remarquablement leur office. Quant à la direction d’Attilio Cremonesi, la dynamique qu’il impulse à l’Orchestre national du Capitole porte l’empreinte de sa collaboration avec René Jacobs. Attentif à mettre en valeur le potentiel expressif des couleurs et des saveurs d’une phalange plus habituée au grand répertoire symphonique, il n’a pas besoin de précipiter le rythme de la partition pour l’animer, et tire parti avec talent de la fluidité entre les pupitres. Sans doute, la vérité théâtrale du spectacle réside-t-elle dans cette direction inventive – prima la musica dira-t-on...



Gilles Charlassier

 

 

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