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Souffle puissant

Gent
Opera Vlaanderen
10/20/2016 -  et 23, 26, 29 octobre, 2, 4 (Antwerpen), 15, 18, 20*, 22 (Gent) novembre 2016
Richard Wagner: Der fliegende Holländer
Iain Paterson/Markus Marquardt* (Der Holländer), Liene Kinca (Senta), Ladislav Elgr (Erik), Dmitry Ulyanov (Daland), Raehann Bryce-Davis (Mary), Adam Smith (Der Steuermann)
Koor Opera Vlaanderen, Jan Schweiger (chef des chœurs), Symfonisch Orkest Opera Vlaanderen, Cornelius Meister*/Philipp Pointner (direction)
Tatjana Gürbaca (mise en scène), Henrik Ahr (décor), Barbara Drohsin (costumes), Stefan Bolliger (lumières)


(© Annemie Augustijns)


La routine, à l’Opéra des Flandres, où chaque production s’avère au minimum intéressante, à défaut de convaincre entièrement. Après Parsifal en 2013, Tatjana Gürbaca aborde Le Vaisseau fantôme (1843), une production typique de la ligne directrice de la maison : un concept et une signature. Elle développe une approche de ce mythe plutôt personnelle, en tout cas moderne, dans un dispositif abstrait, comme il y a trois ans : une plate-forme légèrement surélevée et à l’aspect cuivré, au milieu de laquelle se creuse une cavité, lieu d’affrontement et de transe.


Bien que le metteur en scène ne surcharge pas l’opéra d’intentions, la portée symbolique de sa proposition ne paraît pas toujours évidente. Le goudron, par exemple, signifie peut-être la souillure de l’âme. Le Hollandais étale sa richesse en ouvrant une malle contenant comme trésor des crucifix, comme s’il existait un lien entre la légende et la chrétienté. A la fin, il ne s’unira pas à Senta par l’amour, la jeune femme restant seule, debout, sur une chaise, au pied de corps en convulsion, alors que le navigateur maudit a déjà déserté le plateau. Le spectacle n’évite pas non plus les clichés d’une certaine modernité, confrontant le public à des scènes d’ivresse collective, d’humiliation et d’effeuillage (jusqu’aux sous-vêtements), le troisième acte favorisant ce genre de liberté qui ne présente plus rien d’audacieux ou de provocateur aujourd’hui. Les fileuses deviennent ainsi des techniciennes de surface qui décrassent et passent la serpillière. Gürbaca ne révèle donc rien de neuf ou d’inattendu mais la maîtrise de sa mise en scène, le sens de l’image et la force de la direction d’acteur finissent par nous emporter. L’absence de pause garantit la tension de la représentation, portée par un souffle théâtral puissant.


Du souffle, il y en a aussi dans la fosse, et ce dès l’Ouverture, précise et enlevée. Sous la direction d’une grande noblesse de Cornelius Meister, capable de finesse et de puissance, l’orchestre procure les plus importantes satisfactions musicales, par la clarté et la plénitude de sa sonorité. Les cordes se montrent souples et acérées, tandis que les bois s’illustrent par leur finesse et leur expressivité. Les virus automnaux frappent sans merci. Ce dimanche, Markus Marquardt remplace Iain Paterson en Hollandais, sorte de figure christique dans cette production. Le chanteur n’a pas tout à fait l’aura et la force de persuasion attendues mais il accomplit sa mission avec assurance. En dépit d’une tessiture peu homogène et d’une émission inégale, ce baryton aux graves peu sonores caractérise le personnage avec suffisamment de conviction et délivre d’estimables moments de chant, marqués par le lyrisme du phrasé. Affaibli par un rhume, Dmitry Ulyanov a tout de même tenu à endosser le rôle de Daland : si la voix pâtit de fait d’un manque de puissance et de profondeur, la prestation demeure acceptable.


La Senta de Liene Kinca suscite une impression mitigée : cette voix d’acier séduit modérément et le chant accuse un déficit de souplesse et de style. Ressemblant à une adolescente banale avant d’affirmer sa féminité au contact du Hollandais, la soprano contrôle trop son interprétation. L’Erik de Ladislav Elgr se démarque surtout par la beauté du timbre et la puissance de la projection, moins par le lyrisme et la nuance. Deux membres de la troupe de jeunes s’illustrent dans cette distribution peu expérimentée, les chanteurs interprétant leur rôle pour la première fois, à l’exception forcément de Markus Marquardt : Pilote correct mais sans élégance d’Adam Smith, Mary lumineuse de Raehann Bryce-Davis, qui confirme ses aptitudes. Les choristes, enfin, impressionnent à nouveau par leur fort engagement et leur excellente tenue vocale.



Sébastien Foucart

 

 

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