About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Hommage au répertoire viennois

Paris
Philharmonie
11/11/2016 -  et 12 (Brugge), 14 (Zürich), 16 (Luxembourg), 17 (Eindhoven), 19 (Amsterdam) novembre 2016
Johannes Brahms : Sérénade n° 2 en la majeur, opus 11
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 4 en sol majeur, opus 58
Franz Schubert : Symphonie n° 5 en si bémol majeur, D. 485

Kristian Bezuidenhout (piano)
Orchestre Révolutionnaire et Romantique, John Eliot Gardiner (direction)


J. E. Gardiner (© Maciej Gozdzielewski)


La Philharmonie de Paris affichait complet en ce 11 novembre pour accueillir l’unique concert parisien de l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique, dans le cadre d’une tournée européenne de quelques jours. Le programme, fort conséquent, se veut un hommage à la Vienne musicale à travers trois noms prestigieux, Johannes Brahms (1833-1897), Ludwig van Beethoven (1770-1827) et Franz Schubert (1797-1828), joués sur instruments d’époque par un des orchestres créés par John Eliot Gardiner – c’était en 1989 déjà...


Plus souriante que la Première Sérénade, la Seconde pour orchestre de Brahms se distingue d’emblée par l’importance des vents et surtout l’absence de violons, les cordes étant représentées ce soir par dix altos, huit violoncelles et cinq contrebasses. Dans une atmosphère toute chambriste (alors que la Première Sérénade s’inscrit davantage à notre sens dans un climat «orchestral»), John Eliot Gardiner livra une version extrêmement contrastée du point de vue rythmique d’une œuvre rarement donnée. Ainsi, l’Allegro moderato inaugural fut très agréable, abordé assez tranquillement avant que le Scherzo, plus Vivace que jamais, ne prenne la suite: même si l’on est quelque peu surpris au début, l’option choisie emporte rapidement l’adhésion, chacun (spectateur comme musicien à l’image du génial premier violoncelle Robin Michael, qui vit sa musique comme personne!) se sentant pris par le mouvement général dans un enthousiasme contagieux. Les deux mouvements suivants (l’Adagio non troppo, dont certaines sonorités ne sont pas sans préfigurer le mouvement lent de la future Troisième Symphonie, et un Quasi menuetto - Trio évoquant le Wanderer si cher à Schubert) offrirent une très belle pause avant un Rondo - Allegro conclusif où la dextérité des vents (Marten Root à la flûte, Peter Whelan au basson mais surtout Michael Niesemann au hautbois et Timothy Lines à la clarinette) et la verve de l’orchestre firent merveille.


Dans un concert donné par Kristian Bezuidenhout en décembre 2009 sous la direction de Philippe Herreweghe, notre site soulignait déjà que certaines salles modernes «ne sont vraiment pas adaptées au pianoforte, dont la faible puissance ne peut lutter avec d’aussi grands volumes»: le fait est que l’on peut reprendre à notre compte cette remarque qui, dans le cadre toujours aussi parfait de la grande salle Pierre Boulez, conservait totalement son actualité ce soir. Excellent pianiste, le jeune soliste sud-africain (né en 1979) s’est en effet vu à plusieurs reprises couvert par un magnifique orchestre d’une cinquantaine de musiciens, parfois donc un brin trop puissant. Adoptant un jeu un peu timide au début du premier mouvement (Allegro moderato), Bezuidenhout s’avéra rapidement plus conquérant. Doté d’un toucher subtil, n’hésitant pas à jouer avec l’orchestre dans les tutti, ne révélant pas comme on a pu le craindre au début un jeu trop affecté (les appogiatures de l’introduction nous firent un peu peur...), il fit montre de tous ses talents, techniques et musicaux, quitte à un peu théâtraliser son jeu comme ce fut le cas dans un idéal deuxième mouvement. De son côté, John Eliot Gardiner insuffla à la partition un dynamisme et un sens des contrastes extrêmement varié qui lui conféra presque une dimension épique pourrait-on dire; le fait est que le duo soliste-chef, alliance de deux générations musicales, fonctionna merveilleusement et fut salué comme de juste par un public à l’évidence conquis.


Pour conclure ce programme, que pouvait-on demander de plus que cette magnifique Cinquième Symphonie de Schubert, lointain écho à la célébrissime Quarantième de Mozart? Les musiciens de l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique (les violons et altos jouant debout pour l’occasion) furent irréprochables, répondant avec enthousiasme aux sollicitations de Gardiner, qui emporta tout le monde dans un Allegro vivace conclusif étourdissant. La manière dont les musiciens souriaient entre eux et aussi visiblement aux expressions du chef, s’écoutaient, tout cela témoigne d’une vraie connivence: plus qu’un concert, nous étions ce soir en famille, en tout cas avec des amis. Et l’entente était si bonne qu’on n’a qu’une hâte: bien vite les retrouver!


Le site de John Eliot Gardiner et de l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique
Le site de Kristian Bezuidenhout



Sébastien Gauthier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com