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«A la rencontre de Gilbert Amy» (1)

Paris
Maison de la radio
11/05/2016 -  
Gilbert Amy : Mouvement pour quatuor – Quatuor n° 3
György Ligeti : Quatuor n° 1 «Métamorphoses nocturnes»
Joseph Haydn : Quatuor n° 78, opus 76 n° 4 «Lever de soleil»

Quatuor Hermès: Omer Bouchez, Elise Liu (violons), Yung-Hsin Lou Chang (alto), Anthony Kondo (violoncelle)


G. Amy (© Alvaro Yanez)


Pour le deuxième temps de cette «Rencontre» qui en compte cinq, l’accent est mis sur l’œuvre pour quatuor à cordes de Gilbert Amy – 80 ans cette année –, un genre que le musicien réserva à la pleine maturité. On aurait tort de le considérer comme un simple «avant-goût» au concert d’orchestre qui suit tant il s’impose par sa cohérence et sa complétude. En outre, on relèvera qu’un quatuor de Haydn ne «fonctionne» jamais aussi bien que placé en fin de programme.


Celui-ci débute avec l’œuvre d’un musicien de 22 ans – en fait un exercice issu de la classe de composition –, le Mouvement pour quatuor (1958), que Gilbert Amy n’a pas remisé au placard mais jugé digne d’ouvrir son catalogue. Le dodécaphonisme souple accuse l’influence de Berg.


Le Premier Quatuor de Ligeti, quant à lui, se souvient de Bartók, dont les «musiques nocturnes» ont trouvé leur équivalent dans ces Métamorphoses nocturnes d’un seul tenant constituées de moments contrastés. Le Quatuor Hermès a parfaitement intégré sa poétique, où un fugitif mouvement de valse alterne avec un fugato avant ces textures arachnéennes à fleur d’archet. Subtil, son jeu trouve l’équilibre entre la rondeur d’un vibrato parfaitement dosé et un tracé des lignes mélodiques d’une grande acuité. Tout juste pourra-ton regretter qu’un tel contrôle n’ait pas assez laissé filtrer le souffle fantasmagorique si bien suggéré par le titre.


Doit-on mettre notre ressenti sur le compte de l’hospitalité du langage ou sur notre conditionnement? Toujours est-il que joué après les Métamorphoses nocturnes, le Troisième Quatuor (2009) de Gilbert Amy atteste plus d’une réminiscence ligétienne, à commencer par l’irruption d’une rythmique carrée qui évoque quelque danse populaire, ou le motif liminaire à la manière d’un «lamento expressif descendant», omniprésent chez Ligeti de l’étude Automne à Varsovie au Concerto pour piano en passant par le Trio avec cor. A l’instar du Mouvement, on relève une palette volontairement restreinte dans ses coloris (on est loin d’un catalogue d’effets), mais variée dans ses éclairages. En découle un geste dans l’ensemble apaisé, qui s’immisce dans la tradition du genre plus qu’il ne la malmène. A l’échelle de sa propre trajectoire, Amy semble avoir réalisé ici une synthèse entre l’imposant Quatuor n° 1 (1991) et Brèves (1995), son parfait antidote.


Si certains phrasés auraient pu se montrer plus insolents, certaines répliques plus péremptoires, le chef-d’œuvre de Haydn réjouit. Le soleil ne s’est pas couché avant la fin de l’œuvre, interprétée avec passion et sensibilité par le Quatuor Hermès. Epinglons le premier violon impérial d’Omer Bouchez, d’une noble autorité. Sa manière de varier l’intonation lors des reprises, son vibrato jamais envahissant (péché mignon des premiers violons voulant briller) dénote un très fin musicien.


Le site de Gilbert Amy
Le site du Quatuor Hermès



Jérémie Bigorie

 

 

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