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Du costaud Marseille Opéra 11/06/2016 - Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni, K. 527, Le nozze di Figaro, K. 492, extraits
Vincenzo Bellini : I puritani, La sonnambula, extraits
Louis-Ferdinand Hérold: Zampa, ou la fiancée de marbre, ouverture
Giacomo Meyerbeer : Les Huguenots, extrait
Emmanuel Chabrier : Idylle, extrait de la Suite pastorale
Jules Massenet : Manon, extrait
Richard Wagner : Der fliegende Holländer, extrait
Giuseppe Verdi: I vespri siciliani, Macbeth, I masnadieri, extraits
Giacomo Puccini: Manon Lescaut, Intermezzo
Amilcare Ponchielli: La gioconda, extrait
Diana Damrau (soprano), Nicolas Testé (baryton-basse)
Orchestre philharmonique de Marseille, Lukasz Borowicz (direction musicale)
N. Testé & D. Damrau (© Khalid AlBusaidi/ROH Mascate)
C’est un superbe concert que nous a offert l’Opéra de Marseille hier après-midi. Programme éclectique et dense qui laisse assez de place au Philharmonique, phalange enfin sortie du marasme, à laquelle l’occasion était donnée de montrer son indéniable talent et ses incontestables progrès qui la placent désormais au rang des meilleures formations françaises. Preuves en sont données cet après-midi avec les trois courtes pièces qui lui sont réservées : l’ouverture de l’opéra de Louis-Ferdinand Hérold (1791-1833) Zampa, ou la fiancée de marbre, fracassante s’il en est, et dirigée avec une rigueur qui seule peut rendre justice aux envolées coruscantes du morceau. Dans Idylle, extrait de la Suite pastorale de Chabrier, le chef polonais Lukasz Borowicz ne manque pas de souligner ce sentiment de fraîcheur et de naïveté campagnarde, caractéristique de « ce premier baiser d’amour » comme aimait à le dire Chabrier lui-même. Enfin, l’Intermezzo du Manon Lescaut de Puccini donne aux cordes graves de l’orchestre l’occasion de montrer de quoi elles sont capables.
Les amateurs d’opéra étaient vraiment gâtés avec la présence de Diana Damrau qui rend visite à Marseille entre deux représentations des Noces de Figaro à la Scala de Milan, et celle de Nicolas Testé, baryton-basse qui vient tout juste de terminer sa participation à la nouvelle production de Samson et Dalila à Bastille.
Très à l’aise sur une scène, Diana Damrau sait séduire et son abattage est incontestable. Le chant n’est peut-être pas exempt de légers défauts mais ceux-ci sont vite effacés par la générosité de l'émission et le rayonnement de la personnalité. L’Allemande se chauffe la voix avec un « dove sono » peu impliqué mais cette entrée en matière la lance sur la route d’une soirée qui lui vaudra rapidement des applaudissements de plus en plus nourris. Enjôleuse sans affectation dans la scène de l’éclat de rire et la gavotte de l’Acte III de Manon, elle montre un aplomb exemplaire dans les pyrotechniques « Nobles seigneurs, salut ! » extrait des Huguenots, et le « Ah ! non credea mirarti » de La sonnambula. Son « Mercè dilette amiche » des Vêpres siciliennes est également de très bonne tenue.
Le baryton-basse Nicolas Testé joue aussi dans la cour des grands. Il se produit d’ailleurs assez souvent avec Diana Damrau sur les scènes les plus illustres. Si on ne lui demande pour le moment que des rôles secondaires (Zuniga au Met, Colline à Munich, ou Abimélech à Paris), tout porte à croire que les plus grandes maisons vont rapidement l’appeler pour des premiers rôles. Le Français marche sur les traces des meilleurs barytons-basses avec un style de seigneur qui fait de lui un digne représentant de l’école française. La diction est soignée, le phrasé impeccable, le grain de voix soyeux, et les aigus claironnants. Hier soir, il a séduit le public marseillais avec, entre autres, un « Mögst du, mein Kind » du Vaisseau fantôme de belle facture, mais surtout un superbe « Studio il passo, O mio figlio » extrait de Macbeth.
Le programme annoncé était déjà riche mais, fort généreusement, Damrau et Testé offrent chacun un bis, le « Vecchia Zimara » de La Bohème pour lui, et « O mio babbino caro » pour elle. Ensemble, ils tirent leur révérence avec un ardent « Bess, you is my woman » extrait de Porgy and Bess.
Christian Dalzon
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