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Drame héroïque Vienna Staatsoper 10/16/2016 - et 19, 22, 25, 29* octobre 2016 Christoph Willibald Gluck: Armide Gaëlle Arquez (Armide), Paolo Rumetz (Hidraot), Stanislas de Barbeyrac (Renaud), Mihail Dogotari (Aronte), Bror Magnus Tødenes (Artémidore, Chevalier danois), Gabriel Bermúdez (Ubalde), Olga Bezsmertna (Phénice), Hila Fahima (Sidonie), Margaret Plummer (Haine), Laura Elligsen, Raoni Hybner de Barros, Panajotis Pratsos (Coryphées)
Gustav Mahler Chor, Thomas Lang (chef de chœur), Les Musiciens du Louvre, Marc Minkowski (direction)
Ivan Alexandre (mise en scène), Pierre-André Weitz (décors), Bertrand Killy (lumières), Jean Renshaw (chorégraphie)
(© Wiener Staatsoper/Michael Pöhn)
Gluck revient au Staatsoper! Après la réussite de Christophe Rousset dans Alceste, bien aidé par une mise en scène euphorisante, voici le tour de Marc Minkowski et ses Musiciens du Louvre de venir chatouiller les oreilles viennoises, peu habituées à entendre des timbres historiques à l’Opéra de Vienne (les représentations baroques sont généralement relayées à l’excellent Theater an der Wien, dont les proportions plus humaines sont bien adaptées à ce répertoire). Le chef semble avoir pris un soin tout particulier à adapter la dynamique sonore de l’orchestre à la salle: les instruments résonnent sans peine à plein volume, ce qui avait été parfois plus compliqué pour ceux des Talens Lyriques. A vrai dire, l’énergie inlassable et le dynamisme pompeux imprimés à la musique finissent par fatiguer quelque peu l’oreille dans les premiers actes; on retrouve plus de subtilités et d’introspection dans la seconde partie de l’opéra.
Cette impression est également communiquée par la mise en scène, qui n’aide pas vraiment l’auditeur à s’orienter dans une profusion de personnages; ajoutons à cela le choix de montrer Armide en homme travesti en femme, ce qui ajoute certes une dimension vaguement sulfureuse au livret, mais complexifie aussi sa représentation – et sa crédibilité psychologique en fin d’opéra. Ça se décante progressivement, et les scènes-clefs sont toutes très réussies. Osons une suggestion au Staatsoper, qui a mis en place depuis plus d’une décennie un système de sous-titrage individuel: pourquoi ne pas ajouter aux traductions allemande et anglaise les sous-titres en langue originale? Même avec d’excellents chanteurs, articulant avec précision leurs textes, le confort et la qualité de compréhension de l’opéra en seraient démultipliés.
La distribution vocale est véritablement portée par Gaëlle Arquez (Armide), qui campe avec Stanislas de Barbeyrac (Renaud), un couple déchirant. Les timbres de Paolo Rumetz (Hidraot) et Bror Magnus Tødenes (Artémidore) sont parfois moins homogènes, mais globalement les voix sont toutes de très haut niveau. Seul bémol: le positionnement des chanteurs qui ne les aide pas toujours à bien passer la barrière de l’orchestre. En fin de compte, cette Armide laisse une impression mitigée: malgré des qualités indéniables, tant vocales qu’instrumentales, le spectacle requiert une attention assidue de la part du spectateur pour échapper aux occasionnelles longueurs et y trouver un plaisir intellectuel, à défaut d’une émotion directe.
Dimitri Finker
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