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La Cenerentola à bicyclette

Lille
Opéra
10/04/2016 -  et 6, 9, 11, 14*, 17 octobre 2016
Gioachino Rossini: La Cenerentola
Emily Fons (Angelina), Taylor Stayton (Don Ramiro), Armando Noguera (Dandini), Renato Girolami (Don Magnifico), Roberto Lorenzi (Alidoro), Clara Meloni (Clorinda), Julie Pasturaud (Tisbe)
Chœur de l’Opéra de Lille, Yves Parmentier (chef de chœur), Orchestre de Picardie, Antonello Allemandi (mise en scène)
Jean Bellorini (mise en scène, scénographie, lumières), Charles Vitez (scénographie), Nelly Geyres (costumes)


(© Simon Gosselin)


Pour Jean Bellorini, les personnages de La Cenerentola (1817) « ne cessent de pédaler dans le vide, des rêves plein la tête et la tête dans le guidon ». Cet extrait de la note d’intention de cet homme de théâtre, qui collabore pour la première fois avec l’Opéra de Lille, justifie la présence de bicyclettes et d’une structure formée de roues articulées entre elles. La scénographie séduit par sa légèreté, ses lumières et ses effets, en particulier la disposition sur plusieurs niveaux des personnages, qui apparaissent ou disparaissent dans un encadrement qui s’agrandit ou rétrécit – une belle idée, remarquablement mise en œuvre.


Mais cette mise en scène, trop axée sur ce visuel inventif, manque parfois de vivacité, voire de burlesque, et elle aurait dû souligner davantage les humeurs et la poésie de cette œuvre. L’ivresse et l’euphorie ne se manifestent que par intermittence, l’énergie et le souffle retombant et se relevant de temps à autre avec peine, mais le concept tient la route. Le metteur en scène évite, en outre, l’écueil de la vulgarité, malgré un jeu scénique par endroits trivial, comme ces danses esquissés tant de fois à l’opéra. Retransmis en direct, sur grand écran, dans dix villes de la région, notamment devant le bâtiment dans lequel il se déroule, ce spectacle se laisse malgré tout regarder.


Il se laisse aussi écouter, bien que la distribution dispense des bonheurs divers. L’Angelina d’Emily Fons constitue une jolie révélation. La mezzo-soprano incarne son rôle avec justesse, malgré une transition peu perceptible de souillon à princesse, et le chante avec agilité, en atteignant les graves avec aisance, en phrasant avec application et en ornementant avec goût. Elle ne se révèle ni puissante, ni spectaculaire dans la vocalisation, mais son personnage dégage du charme. Le Don Ramiro de Taylor Stayton ne se hisse pas à la même hauteur. Le ténor expose un médium peu nourri et claironne avec force dans le haut du registre. Il apparaît en revanche suffisamment persuasif sur le plan théâtral, ce qui compense le déficit de nuance et de souplesse relevé ce soir.


Le Dandini d’Armando Noguera laisse une impression mitigée. La voix manque de matière, le chant de style, mais le baryton se montre à l’aise dans la comédie, bien qu’il cabotine parfois. L’Alidoro de Roberto Girolami existe à peine : le metteur en scène semble négliger ce personnage et le chanteur n’offre rien de plus qu’une voix droite et monochrome. Parmi les hommes, le maillot jaune revient avec une longueur d’avance à l’autre clé de fa, Renato Girolami, authentique basse bouffe rossinienne qui vocalise en virtuose et témoigne d’un sens du comique assez irrésistible dans le rôle de Don Magnifico. Clara Meloni et Julie Pasturaud incarnent les filles de ce dernier, Clorinda et Tisbe, pestes en quête d’amour mais pas encore assez ridicules dans leur méchanceté; leurs voix, par contre, se complètent naturellement. Enfourchant leur petite reine, les choristes de l’Opéra de Lille demeurent égaux à eux-mêmes, impliqués et unis.


Antonello Allemandi passe rarement la grande vitesse, mais ses tempi demeurent suffisamment vifs. Le chef aurait dû insuffler, par moments, plus de folie et mieux nuancer les transitions mais il trouve l’équilibre entre passages rapides et lents. L’Orchestre de Picardie ne restitue pas toutes les finesses de cette musique mais il s’applique au mieux, affiche beaucoup de cohésion et joue avec vigueur. Si elles paraissent parfois raboteuses, les cordes se révèlent le plus souvent précises, les bois sonnent avec délice et les cuivres avec netteté, tandis qu’au pianoforte, Emmanuel Olivier ponctue les récitatifs avec esprit.


Le site de l’Opéra de Lille


Le spectacle intégral sur le site Culturebox:






Sébastien Foucart

 

 

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