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Polis et impolis Vienna Konzerthaus 10/10/2016 - Compositions tsiganes et œuvres de Django Reinhardt et de Dinku Schneeberger
Diknu Schneeberger Trio Diknu Schneeberger, Martin Spitzer (guitare), Joschi Schneeberger (contrebasse) – Loyko: Sergey Erdenko, Artur Gorbenko (violon), Michael Savichev (guitare)
Le Trio Diknu Schneeberger (© www.joschischneeberger.at)
Intitulé «Gypsy Maestros», ce concert s’articule en deux parties fondamentalement distinctes: le trio Diknu Schneeberger ouvrait tout d’abord la soirée dans une performance intime et maîtrisée. L’ambiance surprend moins lorsque l’on a noté que le trio réunit Diknu à la guitare, son père à la contrebasse et son professeur en second guitariste; de la musique de famille en quelque sorte. C’est un plaisir de les suivre dans un parcours musical qui mélange (entre deux annonces en patois autrichien) standards de jazz, incursions vers l’Amérique du Sud et bien entendu gipsy jazz – Django Reinhardt ne reste jamais bien loin. Chacun des musiciens affiche une personnalité discrète mais bien affirmée sur scène, se complétant sans s’affronter: le père en roc rougeoyant et placide, d’une stabilité à toute épreuve comme ancré à sa contrebasse; l’ancien professeur la tête plongée dans sa guitare, tressautant sur son tabouret à chaque pulsion rythmique; et Diknu qui fixe la salle, un sourire énigmatique aux lèvres, prenant un plaisir visible à jouer.
Cette première partie polie et bien léchée laissait brutalement place au trio Loyko, un ensemble de musiciens autrement plus indisciplinés, nous plongeant dans un campement tsigane aux tréfonds de la toundra russe. Les violons de Sergey Erdenko et Artur Gorbenko grattent, couinent, gémissent – aucun moyen technique n’est exclu pour faire passer l’émotion. Alors qu’un Roby Lakatos parvient à créer un lien entre musique classique et musique du monde, cette performance expressionniste live une musique brute, parfois à la limite du chaotique, et en tout cas non conformiste.
Dimitri Finker
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