About us / Contact

The Classical Music Network

Lyon

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Ouverture à pleins claviers

Lyon
Auditorium Maurice Ravel
09/15/2016 -  
John Adams : Short Ride in a Fast Machine
John Cage : 4’33
Serge Rachmaninov : Rhapsodie sur un thème de Paganini, opus 43 (arrangement Cameron Carpenter)
Serge Rachmaninov : Le Sacre du printemps (version de 1947)

Cameron Carpenter (orgue)
Orchestre national de Lyon, Leonard Slatkin (direction)


C. Carpenter (© Christine Bush)


Il est plus d’une manière de réussir une ouverture de saison. L’Orchestre national de Lyon a choisi de le faire sous le signe de la modernité et de la virtuosité.


Sorte de zakouska inaugural, Short Ride in a Fast Machine d’Adams confirme l’engagement de la phalange lyonnaise et de son directeur musical en faveur du répertoire américain contemporain. Leonard Slatkin assure une mise en place sans faux pas, privilégiant une certaine prudence, perceptible dans le tempo général. Si l’on reconnaît le foisonnement rythmique de cette page brève, il n’est pas interdit d’attendre davantage d’ivresse.


Avec la légendaire pièce 4’33 de Cage, façonnée par le seul silence, la performance se résume à la gestuelle de la baguette et de pupitres au point d’attaque, tandis que les trois «mouvements» qui la séquencent ne font que décliner des durées d’absence sonore immobilisant, en suspension, le concert à ses extrémités extramusicales: l’impulsion initiale et le signe ultime, intimant la fin de l’épanchement des notes. Restituée avec la complicité des protagonistes de la soirée, cette image du rituel symphonique ne manque pas d’humour, qui trouve écho dans l’assistance.


Organiste passablement iconoclaste aux allures de rock star, Cameron Carpenter livre la version qui a lui-même réalisée pour son instrument de la Rhapsodie sur un thème de Paganini, initialement conçue par Rachmaninov pour le piano – avec l’accompagnement orchestral qui ici demeure. On reconnaît évidemment le motif du Vingt-quatrième Caprice qui a servi de trame à l’exploration du compositeur russe au fil de variations balayant un large spectre stylistique. Magnifié par le jeu brillant et inspiré du soliste américain, l’orgue démultiplie ces potentialités. Si les modulations ne négligent pas les ressources des claviers, ni du pédalier, le panorama déployé ne se limite pas au romantisme tardif, taxable de sentimentalisme. L’ombre de Franck plane sur les transformations extatiques, tandis que l’on peut déceler çà et là quelque prototype des Danses symphoniques avant de basculer dans un Dies irae effréné, emportant dans son énergie irrésistible les musiciens de l’Orchestre national de Lyon. Le public pourra retrouver l’aura quasi chamanique de Cameron Carpenter dans un récital pour orgue programmé le samedi 17, après deux bis confirmant un admirable instinct d’improvisation sur les thèmes les plus anodins qui ne méprise pas la lumineuse construction d’un Bach.


Maîtrisant indéniablement l’une des partitions les plus célèbres de Stravinski, Slatkin livre un Sacre du printemps peu avare de sa puissance. La modération apparente prépare habilement une progression de la véhémence sacrificielle, chargée de saveurs terreuses, qui ne s’embarrasse pas d’élégances inutiles, sans pour autant verser dans la crudité gratuite. D’aucuns jugeront peut-être la machine un rien prévisible, mais il serait malhonnête d’en nier l’évidente efficacité. Assurément, un tel métier rend justice au tréfonds dionysiaque de l’ouvrage.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com