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Dutoit au sommet

Montreux
Auditorium Stravinski
08/26/2016 -  
Felix Mendelssohn-Bartholdy : Les Hébrides (La Grotte de Fingal), opus 26
Robert Schumann : Concerto pour piano et orchestre en la mineur, opus 54
Igor Stravinski : L’Oiseau de feu

Martha Argerich (piano)
Royal Philharmonic Orchestra, Charles Dutoit (direction)


(© Céline Michel)


Le Septembre musical de Montreux-Vevey vient de débuter par une magnifique exécution de L'Oiseau de feu par le Royal Philharmonic Orchestra de Londres, sous la baguette de Charles Dutoit. Comme à l’accoutumée, la manifestation, qui se déroulera cette année jusqu’au 4 septembre, accueillera des chefs réputés (notamment Teodor Currentzis) et des solistes prestigieux (les pianistes Martha Argerich, Mikhail Pletnev et Daniil Trifonov ainsi que le violoniste Leonidas Kavakos, pour ne citer que les noms les plus connus). Fondé en 1946, le Septembre musical souffle donc cette année ses 70 bougies. Mais cet anniversaire n’est pas le seul : le Royal Philharmonic Orchestra a, lui aussi, été créé en 1946. Et on ne saurait non plus passer sous silence le quatre-vingtième anniversaire de Charles Dutoit, qui vient de donner les trois premiers concerts de l’édition 2016 du Septembre musical, à la tête du Royal Philharmonic Orchestra. A noter également qu’un buste de Wilhelm Furtwängler a été inauguré au bord du lac Léman pendant le week-end d’ouverture du festival, le chef d’orchestre allemand ayant vécu près de Montreux de 1947 jusqu’à la fin de sa vie en 1954. Sa famille y réside encore aujourd’hui.


En choisissant de commencer son premier concert avec l’Ouverture des Hébrides, Charles Dutoit a fait souffler un peu de fraîcheur écossaise sur Montreux, qui, comme d’ailleurs le reste de l’Europe, a souffert de la canicule en ce dernier week-end d’août. La traversée imaginée par Mendelssohn s’est effectuée en toute sérénité, sans écueils ni récifs, le capitaine Dutoit tenant fermement la barre, mais sans grand frisson non plus. La suite de la soirée a été plus mouvementée, avec l’arrivée sur scène d’une Martha Argerich renfrognée, visiblement incommodée par la chaleur et ne jetant pas le moindre regard au public en s’asseyant au piano. Manifestement, la pianiste n’était pas dans un bon jour. Ce sentiment a été conforté par son exécution du Concerto pour piano de Schumann : des notes escamotées par ci par là, des moments d’hésitation, des décalages avec l’orchestre (on connaît sa tendance à précipiter les phrases et à forcer le « tempo »). Mais malgré ces quelques imperfections, sa relation toute particulière à l’ouvrage, qu’elle a dû jouer des centaines de fois et qui fait partie de ses pages préférées, a rendu son interprétation mémorable, une interprétation à fleur de peau tour à tour intimiste et flamboyante, intimiste dans son rapport chambriste avec les musiciens de l’orchestre et flamboyante dans sa cadence du premier mouvement par exemple, sans parler d’un « Intermezzo » délicat et subtil, peut-être le passage le plus réussi. Mais la pianiste a paru très peu satisfaite de sa prestation. Elle n’a retrouvé le sourire qu’après le bis, une Mazurka de Chopin. Après l’entracte, Charles Dutoit a offert une exécution d’anthologie de L’Oiseau de feu de Stravinski. Le chef connaît la partition comme personne, pour l’avoir souvent dirigée. Son énergie est impressionnante, de même que sa direction très tonique et souple. Ne relâchant jamais la tension dramatique, c’est comme s’il permettait au public de suivre la narration, malgré l’absence de danseurs. Impérial, il a proposé une vision incandescente et étincelante du chef-d’œuvre de Stravinski, sans rien enlever au mystère qui nimbe la partition, notamment dans l’introduction, une partition qui, dans sa version complète, a semblé bien plus riche que les suites de ballet habituellement jouées. La soirée s’est terminée sous les applaudissements enthousiastes du public.



Claudio Poloni

 

 

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