About us / Contact

The Classical Music Network

Innsbruck

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

De Marchi fête Innsbruck en beauté

Innsbruck
Tiroler Landestheater
08/12/2016 -  et 14, 16* août 2016
Domenico Cimarosa : Il matrimonio segreto
Renato Girolami (Robinson), Donato Di Stefano (Geronimo), Loriana Castellano (Fidalma), Klara Ek (Lisetta), Giulia Semenzato (Carolina), Jesús Alvarez (Paolino)
Academia Montis Regalis, Alessandro De Marchi (direction)
Renaud Doucet (mise en scène), André Barbe (décors et costumes)


(© Rupert Larl/Innsbrucker Festwochen)


Fondé en 1976 après plusieurs années d’organisation épisodique de concerts au château d’Ambras, le festival de musique baroque d’Innsbruck fête aujourd’hui ses quarante ans autour de son directeur musical Alessandro De Marchi (né en 1962). En place depuis 2010, le successeur du génial René Jacobs a lui aussi marqué le festival de son empreinte, recueillant chaque année des applaudissements toujours plus nourris, comme ce fut le cas l’an passé pour ses deux productions dirigées dans la capitale du Tyrol, Don Trastullo de Jommelli et surtout l’incandescent Il germanico de Porpora. On se réjouit ainsi de découvrir, dès septembre, l’édition par CPO de l’enregistrement discographique de La Clémence de Titus de Mozart, une autre réussite du maestro présentée en 2013 dans le cadre du festival. Un De Marchi malheureusement trop rare en France (sa dernière venue remonte à 2014 au festival d’Ambronay) qui se rattrape heureusement au disque, où sa curiosité nous permet de découvrir quelques perles du répertoire baroque italien, de Francesco Provenzale à Alessandro Stradella, sans oublier les figures plus familières de Jommelli, Pergolèse ou Scarlatti.


Place cette année au chef-d’œuvre bien connu de Cimarosa, Le Mariage secret (1792), irrésistible marivaudage donné dans sa version quasi intégrale – seul un air de Paolino ayant été manifestement abrégé afin de soulager le ténor espagnol Jesús Alvarez, souffrant. Les près de quatre heures de musique, avec un entracte, passent pratiquement comme un souffle sous la baguette experte de De Marchi, véritable orfèvre en la matière. Sens de la rythmique et des contrastes, soin apporté aux nuances grâce à l’allégement de l’effectif orchestral, c’est là la recette bien connue des amateurs du chef romain, toujours aussi accessible et sympathique. On pourra évidemment noter quelques acidités aux cordes dans les accélérations, mais force est de constater que son Academia Montis Regalis tient le choc de cette battue enflammée, aux tempi vifs, sans jamais couvrir ses chanteurs pour autant.


Sur le plateau, les interprètes bénéficient à l’évidence de cet écrin idéal, prenant un plaisir partagé à chanter ensemble. C’est surtout vrai pour les deux basses Renato Girolami (Robinson) et Donato Di Stefano (Geronimo), à l’impayable abatage comique et porté par une aisance vocale particulièrement notable dans l’articulation et la prononciation. Le trio féminin n’est pas en reste, autour de la présence de Klara Ek (Lisetta), du beau timbre de Loriana Castellano (Fidalma) ou de la grâce subtile de Giulia Semenzato (Carolina) – cette dernière manquant toutefois d’électricité dans les scènes de caractère. Elle n’en est pas moins vivement applaudie à l’issue de la représentation, contrairement au pâle et peu audible Jesús Alvarez (Paolino) – souffrant comme on l’a vu plus haut.


L’autre grande satisfaction de la soirée, en dehors de ce plateau vocal globalement homogène, vient du décor splendide signé André Barbe, à la féerie visuelle sans cesse renouvelée par la variété des éclairages, qui semble nous ramener aux délices des contes de notre enfance avec son aspect crayonné en hommage au travail de Maurice Sendak (voir notamment le Hansel et Gretel présenté à Zurich en 1999). Avec ce décor unique pendant toute la représentation, le metteur en scène Renaud Doucet a l’idée de transposer l’histoire dans un poulailler, vaste théâtre d’opérette où les interprètes s’en donnent à cœur joie pour imiter les mimiques de nos animaux de basse cour. Mais là où Jean-Louis Grinda s’était pris les pieds dans le tapis avec une idée semblable à Monte-Carlo et Marseille (voir son Falstaff en 2015), Doucet a la bonne idée de n’en faire jamais trop, s’appuyant sur son savoir-faire chorégraphique et sur l’exploitation hilarante des costumes (signés là aussi de son compère Barbe) – double croisement entre allusions animalières et mode fin XVIIIe. Une grande réussite visuelle pour un spectacle dont il reste à espérer qu’il fera l’objet, lui aussi, d’une captation discographique.



Florent Coudeyrat

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com