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Amadeus amadourien

Cahors
Rocamadour (Basilique Saint-Sauveur)
08/15/2016 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Messe brève en sol, K. 140 – Requiem, K. 626
Delphine Megret (soprano), Floriane Hasler (mezzo), Bastien Rimondi (ténor), Raphaël Marbaud (basse)
Chœur baroque de Toulouse, Ensemble baroque de Toulouse, Michel Brun (direction)




Point n’est besoin de présenter Rocamadour, aimée des touristes pour son site exceptionnel dominant abruptement la petite rivière Alzou, sous-affluent de la Dordogne, et des pèlerins pour son culte marial séculaire. Les musiciens ont une raison supplémentaire de connaître la petite cité lotoise car voici exactement quatre-vingts ans, le 22 août 1936, c’est là que Poulenc, ébranlé par le décès accidentel de son ami le compositeur Pierre-Octave Ferroud cinq jours plus tôt, retrouva la foi, s’attelant immédiatement à la composition de ses Litanies à la Vierge noire; très attaché au lieu, il y revint ensuite chaque année. Il était donc tout indiqué pour un festival de musique sacrée au point qu’il est presque étonnant que l’initiative n’en remonte qu’à une dizaine d’années.


Pour la onzième édition de cette manifestation, du 5 au 26 août, l’organiste Emmeran Rollin, directeur artistique, assisté de la soprano Laetitia Corcelle et du ténor Enguerrand de Hys, conseillers artistiques, a conçu une programmation autour de quatre axes, dont certains liés à des résidences d’artistes et d’ensembles: un hommage à Poulenc, comprenant une création de Christopher Gibert; une «promenade baroque» dans la musique des XVIIe et XVIIIe, qui permet notamment d’entendre Hervé Niquet et son Concert spirituel; des «soirées grands solistes», avec Jean-Claude Pennetier et Edgar Moreau; l’association de la découverte du patrimoine architectural religieux – à Rocamadour mais aussi à Autoire, Carennac et Loubressac – avec la musique de Hildegarde von Bingen. A ces onze concerts s’ajoutent des ateliers pour enfants et des «heures musicales» ainsi que des «visites guidées musicales» destinées à se familiariser avec l’orgue de la basilique (construit en 2013 par le facteur Jean Daldosso). En outre, les messes du dimanche matin sont chantées par les artistes du festival ou les participants au stage de l’Association Cantica sacra.


En ce jour de l’Assomption qui revêt une signification toute particulière à Rocamadour – d’où, sans doute, la présence de Mgr Laurent Camiade, évêque de Cahors –, la basilique Saint-Sauveur (XIIIe/XIXe), plus grand édifice du sanctuaire, accueille l’Ensemble baroque de Toulouse sous la direction de Michel Brun, qui l’a fondé en 1998, avec le Chœur baroque de Toulouse, né dix ans plus tard. Le Requiem (1791) de Mozart, précédé de la plus rare Messe brève en sol (vers 1773) dont l’attribution fut longtemps contestée, n’a pas eu de peine à remplir l’église, dont l’une des caractéristiques relativement inhabituelles est de comporter un très large pilier central juste devant le chœur. Dans une acoustique par ailleurs tout à fait satisfaisante, à la fois spacieuse et naturelle, cette masse constitue un obstacle non seulement visuel mais aussi auditif, ce qui explique probablement pourquoi le quatuor soliste, afin d’avantager alternativement les deux côtés de l’assistance, se déplace à plusieurs reprises d’un côté à l’autre de la scène: de fait, lorsque les chanteurs passent par-delà le pilier, leur puissance paraît assez nettement atténuée, de telle sorte qu’il n’aurait pas été opportun de conserver la configuration usuelle – les deux femmes devant les violons, les deux hommes devant les cordes graves.


Cela, pas plus que des éclairages qui ne cessent de changer pour des raisons qui demeurent assez insaisissables, ne suffit cependant pas à entacher la qualité de cette soirée amadourienne. Michel Brun parvient à conférer de l’intérêt à la brève œuvre de jeunesse et soutient ensuite l’attention tout au long d’une des partitions les plus célèbres de Mozart. Mais Bach n’est parfois pas très loin, ce qui n’est pas un contresens: «baroque», assurément, comme l’indique le nom de son ensemble, est sa direction soucieuse de bien différencier les voix dans les nombreux passages au riche contrepoint, d’imposer des tempi vifs, de bien marquer les rythmes pointés et de souligner le caractère dramatique du propos, quitte à ne pas toujours laisser la musique respirer suffisamment.


En petit effectif (une quinzaine de cordes), avec des bois (cors de basset, bassons) positionnés juste devant le chef, les instruments anciens de l’Ensemble baroque de Toulouse ne sont que rarement pris en défaut. Le Chœur baroque de Toulouse n’est pas moins juste, avec une vingtaine de chanteurs réactifs et engagés. Le nom des jeunes solistes n’est pas précisé sur le feuillet remis aux spectateurs à l’entrée, alors qu’ils sont bons, voire irréprochables, comme la soprano Delphine Megret et la mezzo Floriane Hasler.


Le site du festival de Rocamadour
Le site de l’Ensemble baroque de Toulouse
Le site de Delphine Megret



Simon Corley

 

 

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