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Bonnes surprises

Saint-Etienne
Pommiers (Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul)
08/07/2016 -  
Philippe Hersant : Onze Caprices pour deux violons [1]
Dimitri Chostakovitch : Cinq pièces pour deux violons et piano (arrangement Levon Atovmian arrangé pour violon et alto) (extraits) [2]
Gabriel Fauré : Quatuor avec piano n° 2, opus 45 [3]
Johannes Brahms : Sextuor à cordes n° 1, opus 18 [4]

Yossif Ivanov [1, 4], Liya Petrova [2, 4], Elise Thibaut [1, 3] (violon), Adrien La Marca [2, 3, 4], Kyle Armbrust [4] (alto), Christian-Pierre La Marca [3, 4], Aurélien Pascal [4] (#) (violoncelle), Lise de la Salle [2, 3] (piano)


Le premier week-end des Musicales de Pommiers se conclut dans une église à moitié pleine, alors qu’elle paraissait presque trop petite pour les deux précédentes soirées. Cela tient peut-être au dimanche, d’autant qu’un «café-concert» autour de Bach a déjà eu lieu en milieu de journée, mais cela s’explique sans doute principalement par la frilosité du public, un peu inquiet à la perspective de ce qui était annoncé comme un «concert surprise» dont le contenu ne serait révélé qu’à la dernière minute. Pas de quoi faire de mal à une mouche, pourtant, dans le choix opéré par les directeurs artistiques (et parties prenantes de ce programme), Christian-Pierre et Adrien La Marca, mettant en jeu des effectifs instrumentaux croissant au fur et à mesure, du duo au sextuor.


Bonne idée, d’abord, que de donner enfin à entendre l’intégralité des Onze Caprices (1994) de Philippe Hersant, compositeur en résidence de cette quatrième édition du festival, qui présente brièvement la version originale pour deux violons, dédiée au commanditaire, Philippe Graffin, ainsi qu’à Bertrand Walter: vendredi soir, quelques extraits seulement de la version pour alto et violoncelle avaient suscité une certaine frustration et laissé un goût d’inachevé. Dans ces «caprices» au sens de Goya davantage que de Paganini, l’association des deux violons renvoie presque inévitablement à l’une des références en la matière, les Duos de Bartók – le titre de la première pièce, «Poursuite...», fait d’ailleurs écho à celui de la dernière pièce d’En plein air. Quoi qu’il en soit, ces vignettes subtiles, qui acquièrent davantage d’éclat et peut-être aussi de relief à deux violons qu’avec des cordes plus graves, frappent par leur aptitude à installer une atmosphère, un sentiment, une histoire, presque, en quelques mesures seulement, comme le feront plus tard les vingt-quatre Ephémères pour piano.


Un peu de Chostakovitch, ensuite, mais passé au crible d’adaptations successives: Levon Atovmian (1901-1973), qui a arrangé sous formes de suites pour orchestre de nombreuses pièces tirées de musiques écrites par Chostakovitch pour le cinéma, le théâtre ou le ballet, en a extrait cinq, qu’il a transcrites pour deux violons et piano, ce dernier confiné à un rôle d’accompagnement très effacé. Le caractère divertissant et léger de ces très courtes pages ne s’explique donc pas, contrairement à ce que suggèrent les notes de programme, par le fait qu’il s’agirait de pièces de jeunesse – la plupart datent du milieu des années 1930, alors que le compositeur s’attelait à sa Quatrième Symphonie. Seules trois de ces cinq pièces sont jouées ici, dans une version où l’alto remplace le second violon: tant pis pour la Gavotte et l’Elegie de la pièce La Comédie humaine, il reste un Prélude pour le film Le Taon (1955), avec de faux airs de Danse slave à la Dvorák, une Valse du dessin animé Le Conte du pope et de son serviteur Balda (1935), qui n’étonne plus de la part de Chostakovitch depuis que Riccardo Chailly et André Rieu ont popularisé une autre valse de la même époque, et une irrésistible Polka du ballet Le Ruisseau limpide (1935).


Après ce plaisant intermède, c’est évidemment une toute autre ambition dans le Second Quatuor avec piano (1886) de Fauré. L’acoustique met davantage en valeur la puissance et les grands unissons des cordes que la netteté du trait et le raffinement de la partie de piano, confiée à Lise de la Salle, mais l’engagement, la générosité et l’impulsion collective font plaisir à voir dans les mouvements extrêmes, tandis que le Scherzo est enlevé comme une chevauchée fantastique et l’Adagio non troppo d’un lyrisme frémissant.


Après l’entracte, le Premier Sextuor (1860) de Brahms est de la même veine: la jeunesse des musiciens explique sans doute la fougue, la spontanéité et le naturel, qui, cependant, ne rejaillissent jamais sur la qualité instrumentale et ne dégénèrent pas en embardées, bien que la partie centrale et la coda du Scherzo ainsi que la péroraison du finale soient menées à un train d’enfer. Et c’est sans doute plutôt aux voûtes romanes qu’il faut parfois imputer un déséquilibre entre les pupitres dans les tutti. Après que le Scherzo a été bissé, les bénévoles, sans lesquels la plupart des festivals n’existeraient pas, à l’invitation des frères La Marca, se font un peu prier pour rejoindre la scène alors qu’ils méritent effectivement leur part de remerciements à l’issue de cette première semaine.



Simon Corley

 

 

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