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Musiques funèbres

Saintes
Abbaye aux Dames
07/15/2016 -  
Henry Purcell : Rejoice in the Lord always, Z49 – Pavan – Hear my prayer, O Lord, Z15 – Fantazia In Nomine a 6 – I was glad, Z19 – Fantazia In Nomine a 7 – Remember not Lord, our offences, Z50 – Fantazia on one note – My beloved spake, Z28 – My heart is inditing of good matter, Z30
Collegium Vocale Gent, Capriccio Stravagante, Skip Sempé (direction)

S’il ne manque pas de mettre en avant les jeunes talents, ainsi qu’en témoignent les concerts de la dernière journée, le festival de Saintes nourrit des fidélités qui traversent les décennies, et qu’illustre Philippe Herreweghe, au-delà des limites de son répertoire initial, dans la soirée de clôture. La veille, Skip Sempé et son ensemble Capriccio Stravagante, auquel se joint le Collegium Vocale Gent, rappellent deux des matrices originelles du rendez-vous saintongeais: baroque et authenticité.


S’il convient de ne pas trop épiloguer sur les sinistres circonstances, qui invitent à une liminaire minute de silence, après la ferveur de Rejoice in the Lord always, le programme, placé sous le signe de la production religieuse de Purcell, se voile peut-être d’un recueillement supplémentaire. Les pages pour consort de violes qui ponctuent les pièces vocales ne le démentiront, de la Pavane, aux trois Fantaisies, dont deux In Nomine. Sans renier le contrepoint dense et les modulations audacieuses, la lecture ici proposée ne néglige pas les couleurs, privilégiant la dynamique expressive à quelque orthodoxie intellectuelle – la Fantazia on one note condense une variété d’affects qui ne s’égare jamais hors d’une émouvante pudeur. Les trois anthems reliés par ces séquences instrumentales démontrent une semblable intensité polyphonique, dès le bref Hear my prayer, où les interprètes laissent s’épanouir une maîtrise dans l’étagement des tessitures, comme dans la clarté linguistique, que confirment Remember not Lord et I was glad, imploration toujours contenue dans une retenue émouvante.


Cette économie se retrouve dans la fin du concert, consacrée à un registre en apparence moins solennel. My beloved spake teinte le sentiment amoureux d’une touche pastorale, que les saveurs orchestrales soulignent en même temps qu’elles accompagnent une atmosphère plus légère. C’est avec un foisonnement encore accru que se referme la soirée: écrit pour le couronnement de Jacques II, My heart is inditing soumet la pompe de la cérémonie à une élégance harmonique et mélodique constante, dont les musiciens font ici ressortir la plasticité raffinée. Parmi les solistes vocaux, on remarquera par exemple la solide basse Lisandro Abadie, d’une perceptible plénitude de moyens, ou encore la science consommée d’un Alex Potter, davantage sans doute qu’un perfectible Fernando Guimarães. En guise de viatique, Skip Sempé et ses acolytes livrent un air de sommeil tiré de The Fairy Queen, «Hush no more», repris par le chœur, avec des accents où affleure un mélange pas seulement opportun d’intimisme et de déploration, après lesquels seul le silence se révèle légitime.



Gilles Charlassier

 

 

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