About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le souffle du sacré

Paris
Saint-Denis (Basilique)
05/26/2016 -  et 27 mai 2016
Gustav Mahler : Symphonie n° 3
Mihoko Fujimura (mezzo)
Chœur de Radio France, Maîtrise de Radio France, Sofi Jeannin (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction)


M. Fujimura (© R&G Photography)


Franz Welser-Möst et Cleveland, puis Gustavo Dudamel et Los Angeles, Mikko Franck et le Philhar’ hier, demain Paavo Järvi pour son concert d’adieu avec l’Orchestre de Paris : c’est la saison de la Troisième Symphonie de Mahler. Welser-Möst y déployait une clarté apollinienne, presque schubertienne, Dudamel s’y montrait plus instinctif et moins architecte. Mikko Franck, qui inaugurait par cette monumentale Troisième le festival de Saint-Denis, cadre propice aux déploiements grandioses à défaut d’être acoustiquement adapté, n’a rien à craindre de la comparaison.


Pour la maîtrise de l’orchestre, la précision, la limpidité, il rejoint Welser-Möst dès le Kräftig. Entschieden, qu’il tient beaucoup mieux que Dudamel. Une force qui va, mais qui sait où, ménageant une progression continue, sans rien fragmenter ni précipiter, vers la jubilation du cortège de la fin. Le Menuet pousse très loin le souci du détail, avec une légèreté chambriste, un sens du rubato et du rebond. Et le chef finlandais, pourtant issu d’un tout autre univers, sait capter tout ce qu’il y a ici de viennois, de Mitteleuropa – et qui échappait à Dudamel. Cela ne convient pas moins au Scherzando, dont le grotesque reste heureusement distancié pour préserver une sorte d’euphorie.


Mihoko Fujimura, qui a le sens des mots et la profération, chante ensuite l’extrait du Zarathoustra de Nietzsche comme une prophétesse surgie des profondeurs – n’est-ce pas une Erda, après tout ? Voix homogène au médium nourri, bien appariée, pour le Lustig, aux voix idéalement légères du Chœur et de la Maîtrise de Radio France. Le Langsam final nous emmène enfin dans un sublime ailleurs de lumière où l’orchestre se surpasse, avec un éventail dynamique d’une incroyable richesse et des cordes, au début, dignes des plus grandes phalanges. Sur ce finale, la direction, qui trouve toujours l’équilibre entre la puissance et la clarté, fait passer le souffle du sacré. Sous les voûtes de la basilique, dont on a, pendant plus d’une heure et demie, oublié les défauts de l’acoustique, on se sent presque touché par la grâce.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com