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Beethoven comme simple mise en doigts ?

Vienna
Konzerthaus
05/30/2016 -  et 31* mai 2016
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 2, opus 36
Gustav Mahler : Symphonie n° 1

Wiener Symphoniker, Lorenzo Viotti (direction)


L. Viotti (© Stephan Doleschal)


Si Beethoven avait pu être assis dans les rangs du public, gageons qu’il aurait absolument détesté l’interprétation de son œuvre – mais aurait découvert avec un vif intérêt le langage symphonique de Mahler. Propulsée par des tempi vifs, la Deuxième Symphonie de Beethoven semble s’ouvrir comme l’Italienne de Mendelssohn et se conclure comme un opéra de Rossini : des couleurs italianisantes dans cette partition, au fond pourquoi pas ? Le maître allemand, à l’occasion critique de la frivolité italienne, n’aurait pas apprécié mais reconnaissons qu’il y a suffisamment d’éléments mélodiques et rythmiques dans la partition pour tenter l’expérience. En revanche, sans un solide travail préalable de mise en place, cette approche se transforme en une course nombriliste et approximative. Les interprètes ne parviennent ainsi jamais à s’installer dans un tempo stable, donnant l’impression d’être en permanence à la traîne malgré la rapidité du mouvement. La finesse des broderies du deuxième mouvement et quelques crescendos bien menés ne suffisent pas à compenser un manque de tension général, révélateurs probables d’une préparation insuffisante.


Cette première partie décevante ne rend que plus saisissant le contraste avec la lecture grandiose proposée dans la symphonie de Mahler. Alors que l’éparpillement des pupitres annihilait la puissance de la musique beethovénienne, c’est ici une mise en place superlative et une maîtrise souveraine des tempi qui rendent aérien le gigantesque effectif orchestral mahlérien. On retrouve le goût du chef pour des tempi impétueux, pour une vision solaire et tonique ; cela complète sainement les inflexions tourmentées, grotesques et ironiques souvent associées à cette musique. Les pianissimi épurés, comme suspendus dans le temps, sont dosés précisément afin d’apporter le répit nécessaire à l’auditeur pour absorber les tumultes des passages fortissimo. La battue désormais attentive de Lorenzo Viotti, qui s’engage dans la partition alors qu’il semblait surfer de manière superficielle dans Beethoven, lui permet d’emmagasiner et relâcher la tension musicale à volonté, rendant ces cinquante‑cinq minutes de musique extraordinairement intelligibles. L’intonation impeccable des pupitres des Symphoniker contribue aussi grandement à faire rutiler les harmonies de l’œuvre. Une standing ovation soutenue, événement rare pour un public viennois blasé par une vie remplie de concerts exceptionnels, salue cette lecture effervescente. Le plus enthousiaste des auditeurs est d’ailleurs Stefan Mickisch, spécialiste de cette période musicale, et dont nous avions récemment chroniqué la conférence-concert.


Le programme initial du concert (annoncé avec Myung‑Whun Chung, contraint d’annuler pour raisons de santé) a été maintenu par le jeune Lorenzo Viotti (26 ans), fils de feu Marcello Viotti (1954-2005). Avec la nomination de Lahav Shani (27 ans) comme premier chef invité de l’orchestre (voir ici), l’Orchestre symphonique de Vienne semble décidemment trouver plaisir et réussite à se produire avec de jeunes chefs accomplis.



Dimitri Finker

 

 

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