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La musique viennoise peut-elle traverser le Röstigraben?

Geneva
Victoria Hall
05/25/2016 -  & 26 mai 2016 (Lausanne)
Alban Berg: Sieben frühe Lieder
Gustav Mahler: Symphonie n° 5

Anne Schwaenwilms (soprano)
Orchestre de la Suisse Romande, Sir Mark Elder (direction)


M. Elder


L’Orchestre de la Suisse Romande est dans la dernière ligne droite de sa saison 2015-2016. Avant de prendre ses quartiers d’été, il sera de retour à Victoria Hall pour la Fête de la musique et surtout au Théâtre des Nations pour une série de représentations de Falstaff.


Les musiciens n’ont cependant pas choisi un programme facile. Leur domaine de prédilection est bien plus celui de la musique française que de la viennoise. Si de telles œuvres sont au répertoire régulier de nombreux orchestres qui ont une activité 100% symphonique, la consultation des archives de l’orchestre montre que les Sept Lieder de jeunesse de Berg et la Cinquième Symphonie de Mahler n’ont pas été joués respectivement depuis 1999 et 2004.


Ce manque de familiarité n’est pas sans poser de problèmes et s’ajoute au fait que Sir Mark Elder fait ses débuts non seulement avec cet orchestre mais surtout dans la salle du Victoria Hall, dont l’acoustique est si complexe à maîtriser et qui est plus adaptée à une symphonie classique que postromantique. Une des conséquences est que dans les lieder de Berg, l’orchestre, certes réduit, couvre très systématiquement la soprano. On peut cà et là voir apparaître les qualités de la grande artiste qu’est Anne Schwaenwilms mais cette exécution est bien frustrante. Après les épanchements du Nachtigall, celle-ci échange quelques mots avec le chef. Peut-être lui demande-t-elle de réduire le volume de ses musiciens mais il est hélas trop tard pour que cela puisse avoir un impact. N’aurait-il pas fallu utiliser les rideaux de fond de scène qui corrigent quelque peu l’acoustique de cette salle ?


Il faut cependant apprécier le travail qui a été réalisé pour la Cinquième Symphonie de Mahler, dont la difficulté est réelle pour n’importe quel ensemble. La mise en place que nous donne le chef anglais est de grande tenue. Le deuxième mouvement a beaucoup de caractère avec des rubatos bien menés. Joué sans sentimentalité excessive, l’Adagietto n’est pas sans mystère et les musiciens mettent bien en évidence la joie de vivre qui se dégage du Finale.


Mais certains passages montrent que de nombreux musiciens ne sont pas familiers de cette musique. Les cordes, en particulier, n’ont pas le portamento viennois et leur sonorité est un peu pale. Plusieurs tutti sont un peu lourds et surtout, comme c’était le cas pour le Finale de la Septième Symphonie du même compositeur sous la direction de Jonathan Nott, les musiciens souffrent dans les déferlements de la fin du Scherzo, où on les sent toujours à leurs limites. Dans une situation où cet orchestre ne ferait que du symphonique, ils auraient une expérience bien plus affirmée de cette symphonie et le chef démarrerait donc son travail à partir d’un autre niveau. Mais il faut savoir oublier des comparaisons inappropriées et apprécier ce qui a été réalisé par les musiciens dans de telles circonstances.


On pouvait découvrir quelques musiciens qui viennent d’intégrer l’orchestre ainsi que des jeunes plutôt prometteurs qui ont passé des premières étapes de recrutement. Il faut saluer comme souvent la profonde musicalité de Sarah Rumer à la flûte et surtout l’étendue de la palette de nuances d’Olivier Bombrun dans la redoutable partie de trompette.


Cette soirée montre bien que ces musiciens ont du potentiel mais il est grand temps que cette période intermédiaire sans directeur musical permanent soit derrière eux, qu’il prenne la mesure de ses musiciens et de la salle dans laquelle ils se produisent et qu’il les fasse travailler dans un répertoire précis. Tout cela n’arrivera qu’en janvier de l’an prochain.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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