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Les fastes du répertoire

München
Nationaltheater
03/05/2016 -  et 8, 11 mars, 19, 22 juillet 2016
Richard Wagner : Der fliegende Holländer
Peter Rose*/Matti Salminen (Daland), Catherine Naglestad (Senta), Klaus Florian Vogt*/Tomislav Muzek/Andreas Schager/Wookyung Kim (Erik), Heike Grötzinger*/Okka von der Damerau (Mary), Jussi Myllys*/Dean Power (Der Steuermann), Michael Volle*/Johan Reuter (Der Holländer)
Chor und Extrachor der Bayerischen Staatsoper, Sören Eckhoff (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Asher Fisch (direction)
Peter Konwitschny (mise en scène), Johannes Leiacker (décors et costumes), Michael Bauer (lumières)


(© W. Hösl)


La longue période pendant laquelle l’intendant Peter Jonas a dirigé l’Opéra de Munich a laissé de multiples traces dans le répertoire de la maison, productions moyennement heureuses et pourtant inlassablement reprises, faute de budget pour pouvoir aujourd’hui les remplacer. Des trois travaux wagnériens atypiques, urticants parfois, souvent laids, laissés ici par Peter Konwitschny et Johannes Leiacker, ce Vaisseau fantôme s’impose toutefois, et d’assez loin, comme le meilleur. Les idées sont bonnes, les quelques indispensables provocations qui restent la marque de fabrique du metteur en scène sont intelligemment amenées, et la patine du temps apporte à cette production vieille de dix ans une certaine respectabilité.


On apprécie le jeu sur les conventions théâtrales d’un premier acte sur fond de toiles peintes, avec juste un passerelle de bateau moderne d’un côté, et tout à coup, celle du vaisseau fantôme qui s’abat symétriquement, hors d’âge, recouverte d’algues et de sédiments. Réjouissant tableau des fileuses, transposé dans un lumineux club de remise en forme où les choristes s’épuisent à perdre leurs bourrelets en pédalant en cadence. Mary tient un bar de cocktails bio et Erik sort du sauna, en peignoir et sandales de bain... Et surtout un remarquable dernier tableau, avec le chœur fantôme figé à droite en vêtements surannés, comme échappés d’une toile hollandaise du siècle d’or. Le réveil de cet équipage d’un autre âge, très tardif, après de multiples provocations, reste impressionnant malgré l’ancienneté relative de la production (les multiples répétiteurs de l’opéra de Munich y veillent). Petite particularité à la fin : Senta se suicide en mettant le feu à des bidons d’essence. La déflagration est tellement forte qu’elle emporte tout, absolument tout ! Donc, symboliquement, il ne reste même plus d’orchestre : la fosse s’éteint et les quelques mesures de musique d’épilogue sont diffusées par une bande son aux sonorités nasillardes de gramophone, pendant que les acteurs se rassemblent déjà sur la scène obscure en prévision des saluts.


La grande force de l’Opéra de Munich est de programmer ses reprises avec des moyens musicaux parfois supérieurs encore à ceux des représentations d’origine. Le plateau est tout particulièrement impressionnant ce soir, avec en première ligne Michael Volle en Hollandais, idéal de présence scénique et d’ambitus vocal, encore que sans noirceur excessive. Face à lui, Catherine Naglestad reste une Senta de grande envergure, même si le timbre commence un peu à s’user. L’Erik de Klaus Florian Vogt est un vrai luxe, toujours juvénile de voix, avec toutefois au dernier tableau quelques signes de fatigue inattendus chez ce chanteur dont la facilité technique nous a toujours paru déconcertante. Parfait Daland de Peter Rose, solide Mary de Heike Grötzinger, Pilote juvénile du Finlandais Jussi Millys... Les Chœurs sont splendides et n’oublions pas en fosse un orchestre wagnérien de rêve, ici un rien routinier sous la direction d’Asher Fisch. Même en saison, Munich ne lésine pas sur les atouts. Ce spectacle sera d’ailleurs repris pendant le festival de juillet 2016, qu’il ne déparera certainement pas, encore que la distribution annoncée pour des deux représentations-là soit encore une fois totalement différente.



Laurent Barthel

 

 

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