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La Traviata dans la fosse

Paris
Opéra Bastille
05/20/2016 -  et 23*, 26, 29 mai, 1er, 4, 7, 11, 14, 17, 20, 26, 29 juin 2016
Giuseppe Verdi : La traviata
Sonya Yoncheva/Maria Agresta* (Violetta Valéry), Antoinette Dennefeld (Flora Bervoix), Cornelia Oncioiu (Annina), Bryan Hymel*/Abdellah Lasri (Alfredo Germont), Zeljko Lucic*/Simone Piazzola/Plácido Domingo (Giorgio Germont), Julien Dran (Gastone de Letorières), Fabio Prefiati (Il barone Douphol), Boris Grappe (Il marchese d’Obigny), Luc Bertin-Hugault (Dottor Grenvil), Vincent Morell (Giuseppe), Marc Chapron (Domestico), Andrea Nelli (Commissionario)
Chœurs de l’Opéra national de Paris, José Luis Basso (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Michele Mariotti (direction musicale)
Benoît Jacquot (mise en scène), Sylvain Chauvelot (décors), Christian Gasc (costumes), André Diot (lumières), Philippe Giraudeau (chorégraphie)


(© Vincent Pontet)


De La Traviata mise en scène par Benoît Jacquot nous avons par deux fois souligné les faiblesses, dues à une direction d’acteurs trop relâchée et, surtout, à un manque d’idée forte (voir ici et ici). La reprise de la production confirme nos réserves et cette littéralité vaguement historiciste ne nous séduit pas davantage aujourd’hui. Tout tient donc ici dans le chant et l’orchestre.


Maria Agresta, qui remplace Sonya Yoncheva alors qu’elle ne devait assurer que la seconde série de représentations, est-elle le soprano verdien qu’on nous présente comme tel ? A entendre le premier acte, certainement pas : si l’on apprécie la chair du médium, la capacité à émettre des aigus pianissimo, le grand air de Violetta trahit des notes extrêmes arrachées et des vocalises laborieuses. Le deuxième acte lui convient beaucoup mieux. Non qu’elle soit une belcantiste sachant l’art de la coloration et du cantabile ourlé. Mais la sincérité de l’interprétation, l’identification au personnage, la maîtrise de la voix vont de pair avec un vrai tempérament, que confirmera le troisième acte, où elle réussit un bel « Addio del passato ». Il suffit seulement d’admettre une vocalité plus proche de Mimi que de Violetta.


Que le deuxième acte davantage vient aussi du Germont de Zeljko Lucic, pas seulement à cause de la beauté d’un timbre moiré : c’est le plus stylé de tous. En voilà enfin un qui a regardé de près la partie du père et restitue exactement les nuances indiquées par Verdi, rendant le Commandeur de province plus complexe et plus ambigu que de coutume. Le « Di provenza il mar » cesse ainsi d’être un air de concert pour retrouver du sens à l’intérieur du drame, comme la cabalette, jamais claironnée. C’est le fils qui claironne, un Bryan Hymel qu’on voudrait nous faire prendre pour un des ténors du siècle. Encore faudrait-il une voix moins nasale, une émission moins serrée, une ligne moins entachée de sanglots. Le troisième acte lui inspire heureusement des accents plus châtiés.


La soirée n’est donc ni mémorable ni oubliable. Elle doit beaucoup, en tout cas, à la direction de Michele Mariotti. Le Prélude installe d’emblée une ambiance, avec de grands raffinements dynamiques et des détails d’instrumentation pas toujours révélés, une pâte sonore également. Le chef italien prend au sérieux l’orchestre de Verdi et le fait chanter. Et il a le sens du drame, construit et tend un arc – finale du deuxième acte, par exemple, superbement tenu. Un chef de théâtre comme on aimerait en entendre plus souvent à l’Opéra.



Didier van Moere

 

 

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