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Syncrétisme des arts

Lille
Opéra
05/20/2016 -  et 21, 23, 24 mai 2016
Claudio Monteverdi: Orfeo
Anna Lucia Richter (La Musica, Euridice), Georg Nigl (Orfeo), Charlotte Hellekant (La Messagiera, La Speranza), Douglas Williams (Caronte), Luciana Mancini (Proserpina), Konstantin Wolff (Plutone), Julián Millán (Apollo, Eco, Pastore 4), Cécile Kempenaers (Ninfa, Pastore 1), Kaspar Kröner (Pastore 2, Spirito), Fabio Trümpy (Pastore 3, Spirito), Hans Wijers (Pastore 5, Spirito), Florian Feth (Spirito)
Sasha Waltz and Guests, Vocalconsort Berlin, Freiburger Barock Consort, Torsten Johann (direction)
Sasha Waltz (mise en scène, chorégraphie), Alexander Schwarz (décor), Beate Borrmann (costumes), Martin Hauk (lumières), Tapio Snellman (vidéo)


(© Sébastien Bolesch)


Sasha Waltz devait aborder un jour l’Orfeo (1607) de Monteverdi. L’Opéra de Lille programme à quatre reprises sa chorégraphie de cette fable en musique, créée en 2014 à Amsterdam. L’ouvrage se prête tellement bien à cette d’approche qu’un autre mode de représentation paraît inconcevable ; la splendide mise en scène de Trisha Brown à la Monnaie en 1998, par exemple, demeure gravée dans la mémoire. Le spectacle porte la marque d’une chorégraphe d’exception, les danseurs de sa compagnie se révélant admirables par leur présence et leur occupation fluide de l’espace. Parfaitement en accord avec l’impulsion de la musique et l’évolution psychologique des personnages, la danse se fait tantôt plus présente, tantôt plus nerveuse, mais toujours en situation. Superbement mis en lumière par Martin Hauk, le dispositif épuré d’Alexander Schwarz, qui s’appuie sur une utilisation raisonnée de la vidéo, et les costumes simples et légers de Beate Borrmann participent à l’éloquence et à la poésie de la scénographie.


Grot en mars dans Marta de Wolfgang Mitterer, Orfeo ce soir, Georg Nigl réalise le grand écart : le baryton confirme l’intensité de son engagement, l’expression des sentiments certifiant un tempérament théâtral affirmé, mais son chant, orienté vers le drame, ne se pare pas toujours d’un style irréprochable, la conduite de la ligne manquant parfois de raffinement et de subtilité. La tête d’affiche procure néanmoins les plus grandes satisfactions vocales, le reste de la distribution ne répondant pas entièrement aux exigences de cette musique. Peu de ses partenaires sculptent, en effet, leurs airs en modelant le phrasé avec souplesse et en homogénéisant l’émission, l’exigence des mouvements chorégraphiques contraignant parfois à malmener la ligne.


Anna Lucia Richter prête discrètement sa silhouette gracile et son timbre délicat à Eurydice et à la Musique. La voix de grand format de Charlotte Hellekant, distribuée dans la Messagère et l’Espérance, se démarque par rapport à celle, plus anonyme, de Douglas Williams, qui incarne Caronte sans la noirceur et l’inflexibilité attendues ; prestation idoine, en revanche, de Konstantin Wolff en Pluton et interventions saillantes de Luciana Mancini en Proserpina, au fait du style de l’époque, ce qu’atteste son parcours artistique. Les solistes dans les petits rôles et les choristes du Vocalconsort de Berlin s’insèrent harmonieusement dans un ensemble valant surtout pour ses qualités collectives.


Formation de chambre composée de membres du Freiburger Barockorchester, le Freiburger Barock Consort se place de part et d’autre de la scène, et non dans la fosse, Torsten Johann, présent lors des reprises à Bergen et à Luxembourg, le dirigeant d’abord depuis un espace aménagé au premier rang, ensuite à proximité des musiciens installés côté jardin ; exécution élancée et subtile, capable d’éclat comme de retenue. Le niveau instrumental se révèle, dans l’ensemble, remarquable, en dépit de vents nasillards. Lorsque les Bergers et les Nymphes fêtent, à la fin, le bonheur retrouvé d’Orphée, le chef et quelques instrumentistes rejoignent, pieds nus, les chanteurs et les danseurs au centre du plateau, dans un heureux syncrétisme des arts.



Sébastien Foucart

 

 

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