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La prérentrée de Daniel Harding

Paris
Philharmonie 1
05/18/2016 -  et 19* mai 2016
Alban Berg : Concerto pour violon «Dem Andenken eines Engels»
Gustav Mahler : Symphonie n° 4

Christina Landshamer (soprano), Isabelle Faust (violon)
Orchestre de Paris, Daniel Harding (direction)


D. Harding (© Julian Hargreaves)


Au début, il était sec. Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui : la direction s’est assouplie, arrondie. On a pu, avec les années, mesurer l’évolution de Daniel Harding, jusqu’à cette Vie de héros de 2014, donnée à la tête du même Orchestre de Paris, dont il prendra les rênes à la rentrée.


Les premières mesures de la Quatrième Symphonie de Mahler viennent d’ailleurs d’en témoigner : le geste dessine des courbes, trouve le secret d’une Gemütlichkeit sans fadeur, nous emmène à Vienne. En même temps, on est loin de cette « Pastorale » au sourire lisse que nous offrent certaines baguettes : il peut accuser les contrastes, presque à la limite de l’expressionnisme ici ou là, jeter une lumière crue sur la polyphonie, dont tel ou tel aspect nous semble révélé. On aime également la façon dont il maîtrise la forme tout en rebondissant là où il pourrait fragmenter – pierre d’achoppement de toute interprétation mahlérienne comme l’a montré Gustavo Dudamel dans la Troisième. Harding dresse un pont entre Schubert et Schoenberg : n’est-ce pas là, justement, le secret de Mahler ? Suit un Scherzo de la même veine, attendri ou grotesque. Superbe Adagio, aussi construit que ressenti, où la direction s’épanouit sans jamais s’alanguir. Pas de naïveté béate dans le finale, dont l’humour se conserve, renvoyant parfois au Scherzo, avec une Christana Landshamer à l’unisson : voix bien timbrée, sur toute la tessiture, moins « enfantine » que d’autres, mais plus incarnée.


Cette Quatrième était précédée du Concerto à la mémoire d’un ange. David Grimal en avait proposé, à Radio France, une épure classique. Isabelle Faust est plus tendue, mais rejoint le Français dans le refus de l’effet, avec une sonorité magnifique pour intérioriser la douleur, donc d’autant plus poignante, couvée par un Harding attentif à préserver l’équilibre entre le violon et l’orchestre – cela ne va pas toujours de soi ici. Lui aussi refuse toute surenchère, opte pour une lecture parfois très contemplative, en particulier dans l’Andante-Allegetto, n’oubliant pas le « Ma sempre rubato » de l’Allegro. La direction conserve toujours de la souplesse et de la fluidité, on sent ici que la lumière l’emportera sur les ténèbres, loin de tout post-wagnérisme exacerbé – le tempo, d’ailleurs, est toujours modéré, sinon retenu. En même temps, le compositeur de Wozzeck perce toujours à travers l’hommage à l’ange disparu.


C’était la « prérentrée » de Daniel Harding. Elle augure bien de l’avenir.


Le concert en intégralité sur le site de la Philharmonie de Paris:






Didier van Moere

 

 

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