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Le retour du Chevalier aux miroirs

Paris
Opéra Bastille
05/09/2016 -  et 12, 15, 19, 22, 25, 28, 31 mai 2016
Richard Strauss: Der Rosenkavalier, opus 59
Michaela Kaune*/Anja Harteros (Die Feldmarschallin), Peter Rose (Der Baron Ochs), Daniela Sindram*/Stéphanie Houtzeel (Octavian), Martin Gantner (Herr von Faninal), Erin Morley (Sophie), Irmgard Vilsmaier (Marianne Leitmetzerin), Dietmar Kerschbaum (Valzacchi), Eve-Maud Hubeaux (Annina), Francesco Demuro (Ein Sänger), Jan Stáva (Ein Polizeikommisar), Charles Reid (Der Haushofmeister bei der Feldmarschallin), Peter Galliard (Der Haushofmeister bei Faninal), Martin Snell (Ein Notar), Robert Wörle (Ein Wirt), Ruzan Mantashyan (Eine Modistin), Carole Colineau, Laetitia Jeanson, Olga Oussova (Drei adelige Waisen), Emanuel Mendes (Ein Tierhändler), Chae Hoon Baek, Jian-Hong Zhao, Olivier Fillon, Lucio Prete (Vier Lakaien der Marschallin), Hyoung-Min Oh, Christian Rodrigue Moungoungou, Julien Joguet, Frédéric Guieu (Vier Kellner), Laurent Laberdesque (Ein Hausknecht)
Chœurs de l’Opéra national de Paris, Maîtrise des Hauts-de-Seine/Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris, José Luis Basso (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Philippe Jordan (direction musicale)
Herbert Wernicke (mise en scène, décors et costumes), Werner Breitenfelder (lumières)


E. Morley, D. Sindram (© Emilie Brouchon/Opéra national de Paris)


Plus de vingt ans déjà... C’est en 1995 que Gerard Mortier commande à Herbert Wernicke un Chevalier à la rose pour Salzbourg, destiné à remplacer la production très « Marie-Thérèse » de Herbert von Karajan. Le metteur en scène ne reniait pas la tradition : grands palais viennois avec une nuée de serviteurs, ors et stucs, fastes d’un Empire. Mais cet Empire, ici, touche à sa fin – ce qui nous renvoie à la création en 1911. Et des miroirs coulissants rappellent que tout cela n’est qu’illusion, surtout quand ils reflètent la salle et nous renvoient à nous-mêmes, à ce que nous voulons croire : les personnages tirent leur réalité de notre seul imaginaire. Le réalisme ? Des Arlequins le font voler en éclats, du début à la fin, alors que nous voyons bien notre Chevalier, comédie psychologique et mascarade farcesque : de ce subtil entre-deux naît la magie du spectacle. C’est plastiquement très beau, la direction d’acteurs est au cordeau, ça fonctionne toujours, vingt ans, dix ans après – Bastille avait affiché la production en 1997 et 1998, puis en 2006.


En 2006, Philippe Jordan se trouvait déjà dans la fosse. Il persiste et signe, plus que jamais maître du grand orchestre straussien : direction allégée, mousseuse, d’une limpidité mozartienne – fidèle à l’esprit du compositeur, donc. Sans pesanteur, le troisième acte file droit, quitte à manquer un peu d’humour. Les courbes charmeuses de la valse viennoise lui échappent toujours aussi. Mais quelque chose a changé, en dix ans : la direction a acquis une liberté, une vie, des frémissements qui frappent dès les premières mesures, alors qu’il faut parfois, chez lui, attendre un peu pour que le théâtre se libère. Comme s’il s’abandonnait avec une gourmandise parfois jubilatoire au plaisir de la musique.


Les voix, malheureusement, ne procurent pas les mêmes joies. On avait beaucoup aimé Michaela Kaune en Comtesse de Capriccio. La voici prise au piège de Bastille, où sa voix au timbre liquide passe mal, où elle manque totalement de présence : une jumelle de Sophie plus qu’une Maréchale, très petite-bourgeoise, dépassée par son personnage. Est-ce le trac de la première, où elle doit remplacer Anja Harteros qui, finalement, ne chantera qu’une représentation ? L’Octavian de Daniela Sindram, du coup, lui fait beaucoup d’ombre : par la richesse du timbre, l’unité de la tessiture, la force et la subtilité de la composition, la qualité du phrasé. Un Chevalier juvénile et racé, sans doute un des meilleurs d’aujourd’hui, qui éclipse également la Sophie appliquée d’Erin Morley, fille du bon Faninal de Martin Gantner. On l’avait remarqué chez son La Roche à Garnier : Peter Rose est assez court de grave, pas vraiment basse profonde, perdu lui aussi dans la grande nef de Bastille, sauvé malgré tout par ses dons de comédien, surtout au troisième acte – le moins vocal, justement. On a bien distribué les seconds rôles, mis à part le Chanteur braillard de Francesco Demuro : impayables Italiens de Dietmar Kerschbaum et de la décidément très prometteuse Eve-Maud Hubeaux, par exemple.



Didier van Moere

 

 

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