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Catalogue de poncifs

Antwerp
Opera Vlaanderen
04/30/2016 -  et 3, 7, 8*, 10 (Antwerpen), 20, 21, 22, 24, 25 (Gent) mai 2016
Wolfgang Amadeus Mozart: Idomeneo, re di Creta, K. 366
Roberto Saccà/Lothar Odinius* (Idomeneo), Renata Pokupic/Maria Kataeva* (Idamante), Ana Quintans/Hasmik Torosyan* (Ilia), Serena Farnocchia/Nicole Chevalier* (Elettra), Anton Rositskiy (Arbace), Adam Smith (Gran Sacerdote di Nettuno), Leonard Bernad (La Voce di Nettuno)
Koor Opera Vlaanderen, Jan Schweiger (chef de chœur), Symfonisch Orkest Opera Vlaanderen, Paul McCreesh*/Benjamin Bayl (direction)
David Bösch (mise en scène), Barbora Horáková Joly (reprise de la mise en scène), Patrick Bannwart, Falko Herold (décors), Falko Herold (costumes), Michael Bauer (lumières)


(© Annemie Augustijns)


Créée en 2013 à Bâle, cette production ravive les mauvais souvenirs de l’Elektra également mise en scène par David Bösch la saison dernière. Ce dernier recycle ses idées, en imagine d’autres, plus ou moins bonnes, mais ne propose quasiment rien de neuf ou de surprenant. Voici, de nouveau, comme dans l’opéra de Strauss, un cheval à bascule, une petite chaise, des personnages sanguinaires, une tentative de suicide – Electre se taille les veines avec une hache, manipulée avec agilité. Le public recueille sa dose de violence et de grotesque en parcourant ce catalogue des poncifs de spectacles trash. Un garçon meurt assassiné par noyade dans un aquarium, sacrifié pour Neptune, pieuvre constituée de ce qui ressemble à des bandes de papier hygiénique; cela reste, finalement, la seule image étonnante à retenir.


En montrant Idamante s’immolant dans un drap aux couleurs du drapeau grec ou une foule portant une valise, évocation probable du drame des migrants, la mise en scène se veut actuelle tout en parodiant le genre de l’opera seria mais elle n’exploite aucune de ces options à fond, le spectacle paraissant, par conséquent, décousu et hésitant. La scénographie se révèle, en outre, d’une laideur insigne, malgré la poésie du ciel étoilé au premier acte, et pas toujours cohérente. Les dessins, à l’esthétique discutable, qui illustrent le propos dès l’Ouverture, de manière, il faut le reconnaitre, pas toujours subtile, n’apparaissent plus au troisième acte, lequel se déroule dans un cimetière où se dressent de gigantesques croix latines – Ilia se recueille devant de plus petites, au premier acte. La mise en scène ne passe heureusement pas à côté de l’essentiel en illustrant la relation filiale entre Idoménée et Idamante, ainsi que le passage à l’âge adulte de ce dernier. Et la direction d’acteur, la plupart du temps soutenue, évite, au moins, au drame de s’enliser, en dépit d’un début laborieux.


Comme d’habitude à l’Opéra des Flandres, la distribution répond aux exigences de l’ouvrage et de la mise en scène: les chanteurs, du moins ceux de ce dimanche après-midi, respectent à peu près les canons du chant mozartien, bien qu’ils négligent trop souvent la noblesse de la ligne au profit de la crédibilité du jeu théâtral. Ténor solide, Lothar Odinius épouse étroitement la psychologie du rôle-titre en maitrisant la vocalisation, même dans le redoutable «Fuor del mar»; un Idoménée déchiré, violent, assez touchant, au fond, dans le lien qui l’unit avec son fils. Mezzo-soprano au timbre séduisant et à la technique sûre, Maria Kataeva signe une incarnation accomplie en Idamante adolescent.


La voix fraîche et délicate de Hasmik Torosyan convient à merveille au personnage d’Ilia. La soprano arménienne, qui souligne la fraicheur et la fragilité de son personnage, peine, toutefois, à assouplir le phrasé et à affermir l’émission. Accomplissant une prestation éclatante et assurée, Nicole Chevalier exprime la furie d’Electre sans mettre sa voix à mal ni paraitre trop hystérique. Cloué dans un fauteuil roulant, ressemblant à un bénéficiaire d’un centre d’action social, Anton Rositskiy dévoile en Arbace un timbre clair et attrayant qu’il ne met en valeur que dans un seul air digne de ce nom. En Grande Prêtre de Neptune, Adam Smith surgit couvert de sang et attifé de vêtements déchirés, comme dans un mauvais film d’horreur; un aspect consternant, que la bonne tenue du chant compense à peine.


Dans Les Noces de Figaro en juin de l’année passée, Paul McCreesh dirigeait un orchestre à la sonorité sèche et fruste. Rigoureuse et équilibrée, l’exécution laisse, cette fois, une impression plus favorable. Si les cuivres sonnent à l’ancienne et de manière parfois approximative, les cordes articulent avec souplesse tandis que les bois délivrent de délicieuses interventions. Le chef opte, enfin, pour des tempi parfaits, la tragédie progressant dans un souffle constamment maintenu. Affichant un louable souci de cohésion, les choristes s’engagent sans compter dans une production qui ne les épargne pas non plus.



Sébastien Foucart

 

 

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