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Spectacle questionneur

Paris
Palais Garnier
04/25/2016 -  et 26, 27, 28, 29, 30 avril, 2*, 3 mai 2016
Les applaudissements ne se mangent pas
Maguy Marin (chorégraphie, décors), Denis Mariotte (musique, décors), Ulises Alvarez (décors), Alexandre Béneteau (lumières)


(© Laurent Philippe/Opéra national de Paris)


Le dernier spectacle présenté par le Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP) au Palais Garnier avec un succès public certain permet cependant de se poser un certain nombre de questions.


Il s’agit de l’«entrée au répertoire» d’une courte pièce de Maguy Marin, Les applaudissements ne se mangent pas, dont la création au TNP de Villeurbanne dans le cadre de la Biennale de la danse à Lyon remonte à septembre 2002. Maguy Marin, une ancienne danseuse de Maurice Béjart au ballet du XXe siècle, où elle a tenté ses premières expériences chorégraphiques, a été une figure majeure du paysage de la Nouvelle danse française. Elle restera avant tout la créatrice de May B (1981), une pièce magnifique inspirée par le théâtre de Samuel Beckett qui a fait le tour du monde et affiche le score de plus de sept cents représentations. L’Opéra de Lyon lui a commandé deux chorégraphies passées elles aussi à l’état de mythes et qui sont reprises régulièrement par son Ballet: Cendrillon et Coppélia. En 1987, Rudolf Noureev lui a commandé pour le BOP des Leçons de ténèbres, un immense succès partagé avec Les Arts florissants. Au début du siècle, la danse de Maguy Marin s’est politisée, radicalisée, et sa compagnie a quitté Créteil pour s’installer à Sainte-Foy-lès-Lyon dans un lieu connu sous le nom de «Ramdam».


Les applaudissements ne se mangent pas est une pièce pour huit danseurs sur une musique électronique plutôt agressive et oppressante de Denis Mariotte et un décor plutôt réussi d’Ulises Alvarez consistant en trois rideaux de franges multicolores à la manière d’un grand nuancier (seule allusion certaine à l’Amérique latine) encadrant sur trois côtés la scène de Garnier et la laissant totalement vide. Les huit danseurs, choisis parmi les éléments les plus jeunes (quadrilles et coryphées) ainsi que quelques sujets, évoluent sur ce trop vaste espace en des courses poursuites, bousculades, passant d’un côté à l’autre du rideau. Les pas de danse sont rares, on en reconnaît çà et là quelques-uns qui ont été autrefois la signature de la chorégraphe dans ses opus déjà cités mais on ne décèle pas vraiment de rapport avec ce qui remplit tout un programme au format habituel de l’Opéra, un argument qui s’inspire «des relations de domination qu’entretiennent les pays de l’Occident avec le continent sud-américain, du colonialisme du XIXe siècle à l’époque contemporaine régie par les lois du marché» et du roman pamphlétaire de l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano Les Veines ouvertes de l’Amérique latine (1971). Certes on perçoit ici ou là dans la musique ce qui pourrait être des bruits de mitraillettes, on note qu’à plusieurs reprises des danseurs ramassent et traînent au sol jusque de l’autre côté du rideau d’autres danseurs qui sont tombés. Mais de là à comprendre que l’on illustre un des problèmes majeurs du continent américain...


Ce spectacle d’une heure et cinq minutes et vendu au tarif habituel (de 10 à 110 euros) est-il vraiment du niveau de ce que se doit de présenter la première scène chorégraphique nationale? Que peut en penser un spectateur n’ayant accès au programme de salle donc à l’explication du prétexte politico-culturel non lisible dans la chorégraphie? Le niveau de sa chorégraphie est-il vraiment celui que l’on attend de voir danser par le BOP? L’entrée au répertoire du BOP d’une pièce au propos si mince et au résultat si incertain est elle justifiée? Autant de questions auxquelles il appartient aux responsables du BOP de répondre et surtout au public, certes nombreux et favorable le soir de l’avant-dernière représentation dont le tarif un peu plus bas que les autres soirées de la série permettait de penser qu’il était un peu différent de celui des autres soirs. Un spectacle posant plus de questions qu’il nous a donné de satisfaction.



Olivier Brunel

 

 

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