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La douleur en musique

Paris
Philharmonie 1
04/27/2016 -  et 28 avril 2016
Antonín Dvorák : Stabat Mater, opus 58, B. 71
Aga Mikolaj (soprano), Elisabeth Kulman (mezzo-soprano), Dmitry Korchak (ténor), Georg Zeppenfeld (basse)
Chœur de jeunes de l’Orchestre de Paris, Edwin Baudo, Marie Deremble-Wauquiez et Béatrice Warcollier (chefs de chœur associés), Chœur de l’Orchestre de Paris, Lionel Sow (chef de chœur), Orchestre de Paris, Tomás Netopil (direction)


T. Netopil


La composition du Stabat Mater (1875-1877) correspond à la période sans aucun doute la plus douloureuse de la vie d’Antonin Dvorák (1841-1904), marquée à la fois par le deuil de sa fille Josefa, à l’origine directe de l’œuvre, puis de sa seconde fille Růzena et de son fils Otokar quelques semaines avant l’achèvement de la composition en novembre 1877. Comment traduire sa douleur en musique? Avec son Stabat Mater, Dvorák a composé une œuvre d’une grande ferveur qui aura été parfaitement rendue ce soir.


Avant même l’orchestre, le Stabat Mater de Dvorák requiert un chœur de tout premier ordre et force est de constater que le Chœur de jeunes et le Chœur de l’Orchestre de Paris, dès leur magnifique entrée dans le «Stabat Mater dolorosa», sont plus qu’à la hauteur. Capables de la puissance la plus terrible (certains accents du «Fac, ut ardeat cor meum») comme de la douceur la plus incroyable (la douce psalmodie du «Eja, Mater, fons amoris», la partie peut-être la plus émouvante de la pièce), les chanteurs du chœur emportèrent tout sur leur passage, servis au surplus par l’acoustique exceptionnelle de la Philharmonie.


Côté instrumentistes, l’Orchestre de Paris est parfaitement conduit par le chef tchèque Tomás Netopil, qui choisissait là de nouveau un compositeur de son pays natal, Dvorák ayant déjà été présent lors des deux précédents concerts qu’il avait dirigés à la tête de l’orchestre en octobre 2012 (où figurait alors la Neuvième Symphonie) et en septembre 2014 (avec cette fois-ci le Te Deum et la Huitième Symphonie). Veillant aux équilibres entre pupitres avec une attention croissante au fil de l’interprétation (il est vrai que le début nous fit un peu peur, avec ces cordes scintillantes doublées par la noblesse des cors, l’orchestre ayant tendance à jouer de manière un peu trop uniforme et ne bénéficiant pas de toute l’étendue des nuances que l’on aurait pu souhaiter), il adopte avec conviction une approche grandiose de l’œuvre – les éclats de la première partie! –, négligeant certes parfois l’intimité de tel ou tel passage mais sans pour autant que sa conception soit hors sujet. Si les soixante cordes requises ne souffrirent aucun reproche, ce sont surtout les bois qui se firent remarquer: une fois encore, la petite harmonie de l’orchestre aura prouvé toute sa finesse.


Enfin, les solistes formèrent un quatuor des plus solides même si deux d’entre eux s’avérèrent plus convaincants que les deux autres. Ainsi, après une entrée un peu trop «opératique» dans le premier morceau, le ténor Dmitry Korchak s’illustra dans le «Fac me vere tecum flere», servi par une voix rayonnante mais finalement assez peu religieuse. Si la soprano Aga Mikolaj est correcte en dépit d’un vibrato trop prononcé, on aura surtout remarqué la prestation de la mezzo Elisabeth Kulman, excellente à chacune de ses interventions, notamment au début du «Quis est homo» (son dialogue avec les bois) ou dans l’«Inflammatus» qui lui est entièrement dévolu. Quant à la basse Georg Zeppenfeld, il est idéal dans le puissant «Fac, ut ardeat cor meum» grâce à une voix chaude et une projection sans excès.


Une superbe soirée donc, donnée à guichet fermé pour les deux concerts, qui aura rendu tout son lustre à une œuvre malheureusement pas assez souvent programmée: le plaisir d’être présent n’en aura été que plus grand.


Le site de Tomás Netopil
Le site d’Aga Mikolaj
Le site d’Elisabeth Kulman
Le site de Dmitry Korchak



Sébastien Gauthier

 

 

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