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Victoria Hall
04/20/2016 -  et 21*avril 2016
20 avril 2016
Claude Debussy: Prélude à l’après-midi d’un faune
Camille Saint-Saëns: Introduction et Rondo capriccioso, opus 28
Maurice Ravel :Tzigane
Serge Prokofiev: Roméo et Juliette, opus 64 (extraits)


21 avril 2016
Maurice Ravel: Pavane pour une infante défunte
Ludwig van Beethoven: Concerto pour violon, opus 61
Johannes Brahms: Symphonie n° 2, opus 73

Renaud Capuçon (violon)
Orchestre de la Suisse Romande, Osmo Vänska (direction)


O. Vänska (© Kaapo Kamu)


Ces deux programmes vont faire l’objet d’une tournée qui va emmener chef, soliste et musiciens en Asie, plus particulièrement en Chine à Pékin, Jinan, Shanghai, puis en Inde à Bombay. Ces deux pays sont devenus des géants incontournables dans le paysage économique et, dans le cas de la Chine, la musique classique est un art important où les musiciens sont des vedettes de premier plan. La Suisse y jouit d’une réputation forte de savoir-faire et d’une certaine qualité que les industriels locaux rêvent d’égaler. Ce n’est donc pas un hasard si l’OSR a voulu mettre de nombreux atouts de son côté en choisissant des artistes de premier plan qu’ils connaissent bien, en choisissant des œuvres qui sont au cœur de leur répertoire et surtout en se donnant du temps pour répéter les œuvres sur une longue période, les deux pièces symphoniques de Prokofiev et Brahms ayant déjà été données en concert le 17 de ce mois.


Privilège des vedettes, il est possible de douter que Renaud Capuçon n’ait pas passé autant de temps à répéter. Certes, le niveau artistique du violoniste français est très élevé. La richesse de ses aigus et la chaleur du vibrato sont remarquables mais le panache que demande ces œuvres est en retrait, les artistes semblant être très attentifs à respecter la mise en place et le respect des rythmes. Le même sentiment que les musiciens se cherchent se retrouve le lendemain dans le Concerto pour violon de Beethoven. Certes, l’orchestre respecte les nuances de la partition avec beaucoup de soin (et pour les Beckmesser avides de la partition, Vänskä fait partie de ces rares chefs qui respectent dans le Rondo final le sforzando des mesures 33 et 204, qui ne sont pas ensuite repris dans le tutti) mais orchestre et soliste ont souvent un rubato un peu différent qui entraîne quelques petits décalages et un certain manque de clarté avec les bois. S’il fallait résumer, nous avons dans ces pièces concertantes de ces deux soirées une bonne exécution... de générale, avec beaucoup de potentiel qui devrait se libérer dans les concerts de la tournée.


Les œuvres symphoniques sont, elles, très travaillées et dénotent un très haut niveau. Le Prélude à l’après-midi d’un faune et la Pavane pour une infante défunte sont des partitions dont le style et la couleur correspondent à ce que sait faire naturellement l’Orchestre de la Suisse Romande. Les bois s’équilibrent soigneusement avec le reste de l’orchestre. Les musiciens phrasent avec naturel et ils se révèlent capables de trouver une réelle distinction entre les nuances mezzo forte, piano et pianissimo.


Anniversaires de Shakespeare et de Prokofiev obligent, les extraits du ballet Roméo et Juliette choisis par Osmo Vänskä permettent d’entendre des pièces qui ne figurent pas nécessairement dans les suites que l’on entend souvent en concert. On y découvre une «Mort de Tybalt» plus dramatique que d’habitude et c’est une idée très convaincante que de commencer par les pages qui évoquent Juliette puis de voir comment ces thèmes évoluent à la fin de façon plus tragique jusqu’à sa mort. Dans cette pièce si difficile, le chef finlandais montre son savoir et surtout sa connaissance de cet orchestre qu’il dirige pour la troisième année consécutive et de la salle du Victoria Hall, si délicate à maîtriser. Il arrive souvent que des chefs faisant leurs débuts à Victoria Hall donnent l’impression de «découvrir» lorsque la salle est pleine, et donc l’acoustique différente, comment sonnent vraiment les tutti. Ce n’est pas le cas ici en dépit du fait que cette œuvre est richement orchestrée. Vänskä intègre les pupitres dans le reste de l’orchestre. Les cuivres sont colorés et puissants mais s’équilibrent avec bois et cordes. La rigueur rythmique de ces pièces de ballet est superbement respectée et les solistes peuvent s’exprimer, que ce soit Sarah Rumer, toujours impeccable à la flûte, et Stephen Jeandheur, éclatant à la trompette.


On retrouve le même sentiment dans la Deuxième Symphonie de Brahms que l’OSR connaît bien pour l’avoir jouée dans le passé sous la baguette de Marek Janowski (voir ici et ici) ainsi qu’avec Youri Temirkanov (voir ici). La vision qu’en donne Osmo Vänskä est plus chambriste. Le chef finlandais apporte une attention particulière à ce que les différentes voix soient audibles. Il dégage beaucoup de tension dans les développements et la mise en place est de grande tenue. Mais cette rigueur n’empêche pas les violoncelles de phraser avec amplitude et poésie le début de l’Adagio non troppo. L’Allegretto grazioso a beaucoup d’élégance et l’Allegro con spirito déborde d’enthousiasme. Les bois montrent à nouveau qu’ils ont beaucoup de personnalité. A la flûte, Loïc Schneider, qui était un peu en retrait dans le Prélude à l’après-midi d’un faune, est ici souverain et le pupitre des clarinettes emmenés par Michel Westphal s’exprime avec imagination et vivacité.


L’autorité de Vänskä est évidente. Les entrées données aux musiciens sont claires et expliquent avec clarté ce qu’il veut obtenir. Il sait quand intervenir lorsque les passages sont délicats mais également et surtout quand laisser s’exprimer ses musiciens. Sous sa direction, l’orchestre a plus de puissance et de densité. La relation que chef et musiciens ont développée est un des actifs les plus précieux de cet orchestre, au même titre que celle qu’ils ont avec un Charles Dutoit, qui chaque année sait les faire sonner.


Dans l’immédiat, les musiciens peuvent aller avec confiance et assurance représenter leur pays et leur canton en Asie avec les honneurs.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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