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Un Casse-Noisette iconoclaste et réussi

Mulhouse
Théâtre de la Filature
04/01/2016 -  et 2, 3 (Mulhouse), 11, 12, 13, 14, 15 (Strasbourg), 26, 27 (Colmar) avril 2016
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Casse-Noisette, opus 71
Anna Ishii*/Valeria Quintana Velásquez (Clara), Yann Lainé*/Hamilton Nieh (Peter), Stéphanie Madec-Van Hoorde*/Dongting Xing (Madame Drosselmeyer), Alexandre Van Hoorde*/Dane Holland (Le principal du collège), Monica Barbotte, Sandra Ehrensperger, Wendy Tadrous (Danse chinoise), Céline Nunigé, Marwik Schmitt, Alain Trividic (Danse espagnole), Erika Bouvard, Jean-Philippe Rivière (Danse russe), Thomas Hinterberger (Danse arabe), Ballet de l’Opéra national du Rhin
Maîtrise de l’Opéra national du Rhin, Petits chanteurs de Strasbourg, Orchestre symphonique de Mulhouse, Patrick Davin (direction musicale)
Ivan Cavallari (chorégraphie), Edoardo Sanchi (décors), Maria Porro (costumes), Maryse Gautier (lumières), Pietro Porro (vidéos)


Y. Lainé, A. Ishii (© Jean-Luc Tanghe)


Grand classique du répertoire chorégraphique, Casse-Noisette s’est naturellement prêté au fil du temps à une diversité protéiforme de relectures. Celle que propose en ce mois d’avril le directeur du Ballet de l’Opéra national du Rhin, Ivan Cavallari, en témoigne. Réglée pour le West Australian Ballet en 2008, dont il avait alors les rênes, et sous-titrée «Down under», elle s’inscrit délibérément dans la réalité contemporaine, et renouvelle habilement les frontières entre rêve et réalité à l’aune de l’invasion du virtuel induit par les nouveaux modes de communication, animée par les vidéos de Pietro Porro, et les lumières de Maryse Gautier. Sans céder à la facilité conceptuelle, la scénographie d’Edoardo Sanchi inaugurée par le tourbillonnant tambour de machines à laver et appuyée par les costumes de Maria Porro, participent de l’humour et de la tendresse de cette adaptation de la fête de Noël, et ses cadeaux attendus, en examen, avant un gala de fin d’année de l’établissement d’enseignement. Clara dialogue ainsi par messagerie instantanée avec un correspondant masqué sous le pseudonyme Casse-Noisette et qui se révélera n’être qu’un de ses camarades de classe, Peter, utilisant ce subterfuge pour l’approcher. Drosselmeyer est devenu une professeure sévère qui nourrit quelques sentiments pour le principal du collège, dessinant ainsi une intrigue parallèle aux déboires amoureux de la jeune héroïne. C’est d’ailleurs à ce couple mature qu’est dévolu le grand Pas de deux du second acte, prenant ainsi la position de modèle, dont l’idylle sera aussi brève qu’un songe, tandis que les adolescents finiront par se réconcilier, en renonçant à l’exigence des fantasmes.


L’écriture chorégraphique investit aussi bien l’élégiaque que l’anecdote. Cette dernière se développe avec esprit dans l’épreuve scolaire – à laquelle Clara est la seule à échouer – et la remise des prix, mauvais souvenir qui s’acquitte sans artifice de la séquence initialement écrite autour du roi des rats. On appréciera le contraste entre le solo de succès de Wendy Tadrous et celui d’échec confié à Monica Barbotte. Les danses de caractère s’inscrivent dans les étapes d’un périple aérien. Si la brève Danse chinoise assume sa modeste fonction exotique, c’est assurément la Danse arabe qui se distingue, mâtinée de sensualité et magnifiée par la virtuosité presque féline de Thomas Hinterberger. La Danse espagnole ne dépare point, quand la russe semble figée dans des stéréotypes rythmiques un peu raides. Le vaste duo entre l’enseignant et le professeur met en avant le geste élégant et fin quoiqu’un peu court de Stéphanie Madec-Van Hoorde, qui se détache sur l’accompagnement un rien contraint d’Alexandre Van Hoorde. On se laissera séduire par les minauderies d’Anna Ishii en Clara et les ruses du Peter campé par Yann Lainé, formant un touchant couple juvénile au fait de leur partie. Quant à l’Orchestre symphonique de Mulhouse, il révèle, placé sous la direction attentive de Patrick Davin, la dentelle mélodique et rythmique d’une partition à peine remodelée par la dramaturgie du spectacle, où s’insèrent quelques pages extérieures, à l’exemple de la variation sur l’Ave verum corpus de Mozart que Tchaïkovski a composée dans sa suite pastiche Mozartiana. A défaut de l’intégrité de la lettre, celle de la magie reste intacte, remise avec intelligence au goût du jour.



Gilles Charlassier

 

 

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