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Par-delà les frontières

Lyon
Auditorium Maurice Ravel
03/31/2016 -  et 2* avril 2016
Mason Bates : The Rise of Exotic Computing
Claude Debussy : Images pour orchestre: «Ibéria»
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 3 en ré mineur, opus 30

Seong-Jin Cho (piano)
Orchestre national de Lyon, Leonard Slatkin (direction)


S.-J. Cho (© Institut Frédéric Chopin/Bartek Sadowski)


L’Orchestre national de Lyon ne se contente pas de donner une tribune régulière à la création contemporaine. En associant pour deux ans le compositeur et DJ Mason Bates (né en 1977) à sa saison, depuis la rentrée 2014, l’institution promeut le dialogue des genres et des formes dont témoigne la pièce d’ouverture de ce concert de début avril, The Rise of Exoting Computing. Explicitée par le titre, l’écriture s’appuie sur des cellules rythmiques générées par une machine informatique et qui ponctuent le discours de manière invasive. La dynamique ainsi impulsée nourrit des parentés assumées avec la contagiosité de l’électro. La partition n’évite pas certaines facilités, que les répétitions initiales aux confins de la redondance ne contrediront point. La maîtrise des effets, qui ne cèdent pas aux sirènes du conceptualisme, sait prendre le pas sur les réserves, et les pupitres de la phalange lyonnaise, sous la conduite appliquée de leur directeur musical, semblent prendre un plaisir égal au public. Enjambant habilement les frontières figées par les usages et les préjugés, l’œuvre de Bates confirme ainsi en France le succès qu’elle rencontre auprès des chefs et des auditoires, jusqu’à la toile, relais d’un enthousiasme intelligible.


Avec «Ibéria», la section centrale des Images de Debussy, Leonard Slatkin déploie les couleurs de sa formation. L’équilibre des textures affleure dans l’allant mesuré de «Par les rues et par les chemins», qui ne menace jamais la justesse du dessin. Le deuxième tableau, «Les parfums de la nuit», exhale la poésie rêveuse attendue, mâtinée d’une touche de mélancolie, sans s’épancher dans un exhibitionnisme hors-sujet. C’est avec une semblable pudeur que de cette réserve éclot «Le Matin d’un jour de fête», zébré de motifs idiomatiques jamais caricaturés: si elle ne renonce pas à la transparence consacrée, la présente lecture s’attache tout autant à une sonore cohérence d’ensemble, qualité que l’on retrouve dans le Troisième Concerto de Rachmaninov, livré après l’entracte.


Remplaçant le déjà fort célébré Daniil Trifonov, lequel a dû renoncer pour raisons de santé, Seong-Jin Cho (né en 1994), vainqueur de la dernière édition du concours Chopin de Varsovie (voir ici), avance avec la prudence des lauréats. Son Allegro ma non troppo ne s’expose pas brutalement et contient son extraversion qu’il libère au fil du mouvement. Sa cadence, virtuose et musicale, plus qu’assoiffée d’innovations, laisse encore deviner des ressources qui s’expriment dans un Intermezzo sensible, avant un Finale étourdissant. Assurément, le soliste sait calibrer son jeu au diapason de l’endurance exigée par une des pages les plus exigeantes du répertoire, et l’orchestre lyonnais accompagne avec bienveillance le jeune talent coréen.



Gilles Charlassier

 

 

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