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L’art, la sympathie, la mesure : Renée Fleming à Madrid

Madrid
Teatro Real
04/14/2016 -  et 11 avril 2016 (Monte-Carlo)
Wolfgang Amadeus Mozart : Le nozze di Figaro, K. 492: «Porgi, amor»
Georg Friedrich Händel : Agrippina, HWV 6: «Bel piacere» – Giulio Cesare in Egitto, HWV 17: «V’adoro pupille»
Robert Schumann : Frauenliebe und -leben, opus 42
Stefano Donaudy : O del mio amato ben
Francesco Paolo Tosti: Aprile
Arrigo Boito : Mefistofele: «L'altra notte in fondo al mare»
Ruggero Leoncavallo : Mattinata
Jules Massenet : Thaïs: «C’est Thaïs, l’idole fragile» – Manon: «Allons! Adieu notre petite table» & «Obéissons quand leur voix appelle»
Camille Saint-Säens : Soirée en mer
Oscar Straus : Les Trois Valses: «Je t’aime quand même»

Renée Fleming (soprano), Hartmut Höll (piano)


R. Fleming (© Javier del Real/Teatro Real)


Un très beau récital, un peu bigarré, de Renée Fleming, où l’art le plus élevé alternait avec la légèreté de quelques pages. Mais il s’agissait justement de générosité, d’offrir tout ce que Mme Fleming offre à la scène aussi bien comme chanteuse que comme comédienne, mais également en concert, dans l’intimité de la mélodie accompagnée par un piano. Un point culminant durant la première partie, davantage que ses mémorables Mozart et Haendel: le cycle L’Amour et la Vie d’une femme de Schumann, avec une Fleming actrice, introspective, tout le parcours des huit lieder avec toutes les nuances possibles d’une voix dont l’aigu et le médium (privilégiés) n’empêchent pas les obscurités du voyage vers les graves. La seconde partie, entre les répertoires italien et français, a aussi été partagée entre les délices de la légèreté de l’être et la préférence pour quelques compositeurs, comme Massenet, dont les personnages de Thaïs et Manon font partie de ce qu’on n’oubliera jamais en raison de la grâce de ses dramaturgies musicales... et d’interprètes comme Renée.


Si la fin (théorique) a été un triomphe, avec une valse de Straus (Oscar, avec un seul s), les bis ont déclenché l’enthousiasme du public (à guichets fermés, bien sûr): pas moins de six bis! De «Summertime» de Gershwin à un «Morgen» de R. Strauss délicat et artistiquement supérieur, en passant par des pages plus légères comme une chanson espagnole inhabituelle dans les salles de concert («Julio Romero de Torres pintó la mujer morena...»), bien connue ici, du moins par les personnes d’un certain âge, Estrellita du compositeur mexicain Manuel Ponce, le fameux «Over the rainbow» d’Arlen (Le Magicien d’Oz) et – il ne pouvait en être autrement – «O mio babbino caro» (Gianni Schicchi). Mais si une partie du public était déchaînée, Renée demeurait sympathique, artiste, élégante, et avec un grand sens de la mesure. Elle a chanté en espagnol deux de ses bis: chez nous on a l’habitude d’entendre chanter en espagnol avec un accent, parfois très sympathique, comme cette fois-ci. On ne demande pas de certificat de philologie, comme certaine diva du temps jadis – c’était après la dénazification – qui exigeait de ses élèves un tel diplôme s’ils voulaient apprendre avec elle un lied allemand. Et il ne faut pas oublier l’art et le même sens de la mesure de Hartmut Höll, dont la carrière de pianiste accompagnateur, un art très difficile, a établi les bases de chaque moment de joie de ce récital.


Hélas! Peut-être ne nous manquait-il que le «Chant à la lune» de Rusalka, que Renée Fleming chante très, très bien. La prochaine fois, qui sait? En attendant, on peut parler d’un de ces phénomènes qui plaisent à tout le monde, aux exigeants comme aux autres – mais certes pas aux puristes, qui ne pardonnent pas ces quelques «frivolités».



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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