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Rigoletto mis en boîte

Paris
Palais Garnier
04/11/2016 -  et 14*, 17, 20, 23, 26, 28 avril, 2, 5, 7, 10, 14, 16, 21, 24, 27, 30 mai
Giuseppe Verdi : Rigoletto
Michael Fabiano*/Francesco Demuro (Il Duca di Mantova), Quinn Kelsey*/Franco Vassallo (Rigoletto), Olga Peretyatko*/Irina Lungu (Gilda), Rafal Siwek*/Andrea Mastroni (Sparafucile), Vesselina Kasarova (Maddalena), Isabelle Druet (Giovanna), Mikhail Kolelishvili (Il Conte di Monterone), Michal Partyka (Marullo), Christophe Berry (Matteo Borsa), Tiago Matos (Il Conte di Ceprano), Andreea Soare (La Contessa), Adriana Gonzalez (Paggio della Duchessa), Florent Mbia (Usciere di corte)
Chœurs de l’Opéra national de Paris, José Luis Basso (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Nicola Luisotti*/Pier Giorgio Morandi (direction musicale)
Claus Guth (mise en scène), Christian Schmidt (décors, costumes), Teresa Rotemberg (chorégraphie), Olaf Winter (lumières), Konrad Kuhn (dramaturgie), Andi A. Muller (vidéo)


(© Monika Rittershaus/Opéra national de Paris)


Un pauvre hère trimbale une boîte en carton. A l’intérieur, une robe ensanglantée, un costume de bouffon, un masque : le passé de Rigoletto, qui le ressasse et le revit. Il ne quittera pas la scène, double du bossu chantant. Le décor, unique, reproduit le carton – c’est d’une laideur insigne. Claus Guth fait en effet de l’opéra de Verdi un opéra des doubles : double de Gilda, l’enfant que le père ne veut pas voir grandir, double de la mère perdue. Une vidéo les montre s’avançant vers nous dans un paysage champêtre, nous rappelant Isolde émergeant de la mer dans le Tristan de Peter Sellars. Mais Andi A. Müller n’est pas Bill Viola. De toute façon, le metteur en scène allemand recycle ici des lieux communs, qu’on n’en finit plus de revoir à l’opéra, comme si son imagination s’était tarie. Sans parler des danseuses du Lido au dernier acte, de Maddalena en meneuse de revue plus ou moins SM sortie de Cabaret ou de Lulu, du Duc qui snife sa ligne de coke... On ne reconnaît pas celui qui, à Salzbourg, avait renouvelé la trilogie Da Ponte, avec une direction d’acteurs au cordeau, exigeante et inventive. Elle s’avère ici relâchée, convenue, ennuyeuse. Jusqu’aux mouvements chorégraphiés du chœur, qu’il peut si bien réussir et qui sont parfois mal réglés. Où est donc passé Claus Guth ?


Si encore la musique permettait d’oublier... Certes, Quinn Kelsey, belle voix chaude à défaut d’avoir le mordant ténébreux du rôle, phrase impeccablement son Rigoletto, rebelle à tout éclat vériste, assez douloureusement introverti – il ne manque de puissance que pour le « Si, vendetta ! ». Mais Michael Fabiano, si stylé et si prometteur en Edgardo de la Lucia de Sonya Yoncheva, a mal évolué : voulant être à la fois fougueux et nuancé, il force ou détimbre, avec un médium atone, fort plébéien pour un Duc. Et Olga Peretyatko déçoit, par des aigus souvent trop bas, un chant sans grâce, une absence d’incarnation. Le frère et la sœur sont mal assortis : alors que Vesselina Kasarova n’a plus de voix, Rafal Siwek s’impose en tueur de fière allure, à la ligne aussi affûtée que le couteau.


Après Daniele Callegari dans Le Trouvère, Nicola Luisotti dans Rigoletto ; l’Opéra devrait revoir sa carte des chefs verdiens. Gestion erratique des tempos, décalages et désordres au premier acte invalident une direction peu attentive aux raffinements de l’instrumentation et qui, si elle peut chercher l’urgence du théâtre, surtout à partir du deuxième acte, la confond parfois avec une certaine brutalité. C’est le chœur qui nous console.



Didier van Moere

 

 

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