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Prima la scénographie

Lyon
Opéra
03/15/2016 -  et 18, 20, 22, 24*, 26 mars 2016
Michel Tabachnik : Benjamin, dernière nuit (création)
Jean-Noël Breind (Walter Benjamin), Michaela Kusteková (Asja Lacis), Michaela Selinger (Hannah Arendt), Charles Rice (Arthur Koestler), Scott Wilde (Gershom Sholem), Jeff Martin (Bertolt Brecht), Gilles Ragon (André Gide), Károly Szemerédy (Max Horkheimer), Goele De Raedt (La chanteuse de cabaret), Baptiste Mansot (Joseph Gurland), Sava Lolov (Walter Benjamin), Elsa Rigmor Thiemann (Madame Henny Gurland), Emmanuel Amado (Le patron de l’auberge), Bruno Froment (Le médecin)
Chœurs de l’Opéra de Lyon, Philip White (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra de Lyon, Bernhard Kontarsky (direction musicale)
John Fulljames (mise en scène), Michael Levine (décors), Christina Cunningham (costumes), James Farncombe (lumières), Maxine Braham (chorégraphie), Will Duke (vidéo), Carolyn Downing (son)


(© Bertrand Stofleth)


Sous le titre «Festival pour l’humanité», l’édition 2016 du rendez-vous lyonnais de chaque début de printemps se place opportunément sous le signe des troubles de la Seconde Guerre mondiale, sinon de la Shoah. La création inaugurale, Benjamin, dernière nuit, confiée à Michel Tabachnik, en témoigne d’éloquente façon, avec la relation des ultimes heures du penseur juif allemand, mais surtout – ô blasphème à cette époque sinon à d’autres également – cosmopolite, acculé dans la ville frontière de Portbou, pour échapper aux persécutions dans la gueule du franquisme, accompagné de madame Gurland et son fils.


La scénographie habile de John Fulljames, en complicité avec le dispositif vidéographique de Will Duke, déroule à la façon de plinthes surélevées le reflet du drame qui se noue sur le plateau autant qu’il se fait composition évoquant les facettes de l’écrivain en relation avec les personnalités qui ont marqué son parcours successivement convoquées au cours de cette insomnie récapitulative. Indéniablement, il s’agit de la meilleure partie du spectacle, qui accomplit ici, appuyé d’images d’archives, une admirable synthèse entre le poétique et le documentaire, que l’on retrouve dans les décors évocateurs de Michael Levine, comme les costumes de Christina Cunningham, l’ensemble étant rehaussé par les lumières de James Farncombe.


Car, à l’évidence, le livret commis par Régis Debray ne se hisse pas au-delà d’une compilation prosaïque de saynètes, dessinant parfois très schématiquement les personnages. Seule se détache, du point de vue théâtral, la séquence avec Gide, portée il est vrai par l’incarnation fébrile de Gilles Ragon, où affleure une lâcheté mondaine et aigrie versant des larmes de crocodile sur sa gloire accaparante. Quant à la partie musicale, on retiendra surtout le frémissement polyphonique, à la virtuosité, un rien prolixe et redondante, de la rencontre avec Brecht. Le reste de la partition se contente souvent d’un filage minimal aux vagues fragrances de modernité.


On portera crédit à Bernhard Kontarsky une direction impliquée, autant que l’on saluera le travail de Philip White à la tête des chœurs. On mentionnera, au-delà des noms déjà cités, un plateau vocal non dénué d’attrait, avec Jean-Noël Breind en Benjamin. Michaela Kusteková fait une apparition épisodique en Asja Lacis tout comme Michaela Selinger, presque méconnaissable en Hannah Arendt, quand Charles Rice livre un Koestler nuancé. Scott Wilde affirme un opulent Gershom Sholem, en contraste avec le volubile Brecht de Jeff Martin. Károly Szemerédy ne démérite pas en Horkheimer, ni Goele De Raedt en chanteuse de cabaret. Baptiste Mansot offre un Joseph touchant. Quant au dédoublement du rôle éponyme avec un comédien, dévolu à un remarquable Sava Lolov, il ne multiplie pas miraculeusement l’intérêt d’une pièce bien circonstancielle.



Gilles Charlassier

 

 

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