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Sur les voix de Lakmé

Avignon
Opéra
03/20/2016 -  et 22 mars 2016
Léo Delibes : Lakmé
Sabine Devieilhe (Lakmé), Julie Boulianne (Mallika), Julie Pasturaud (Mistress Benson), Ludivine Gombert (Miss Ellen), Chloé Briot (Miss Rose), Florian Laconi (Gérald), Nicolas Cavallier (Nilakantha), Christophe Gay (Frédéric), Loïc Félix (Hadji), Patrice Laulan (Un marchand chinois), Cyril Héritier (Un Domben), Xavier Seince (Un Kouravar), Ballet de l’Opéra Grand Avignon
Chœur et Chœur supplémentaire de l’Opéra Grand Avignon, Aurore Marchand (chef des chœurs), Orchestre régional Avignon-Provence, Laurent Campellone (direction musicale)
Lilo Baur (mise en scène), Olia Lydaki (chorégraphie), Caroline Ginet (décors), Hanna Sjödin (costumes), Gilles Gentner (lumières)


Etrenné en 2013 à Lausanne, et passé par Saint-Etienne la même année puis à Paris en 2014, le Lakmé réglé par Lilo Baur arrive sur la scène d’Avignon avec l’irradiante Sabine Devieilhe dans le rôle-titre, reprenant un personnage qu’elle avait endossé pour la première fois à Montpellier, avant l’Opéra Comique. La fragilité instinctive avec laquelle la soprano française fait frémir la prêtresse hindoue se trouve magnifiée par une diction aussi exemplaire que la ligne vocale, et des aigus à l’agilité qui ne sacrifie jamais le naturel. La plénitude de l’expressivité le dispute à celle de l’instrument : le diaphane ne signifie pas la blancheur de l’intelligence du texte.


En Nilakantha, Nicolas Cavallier incarne cette même exigence, à l’autre extrémité de l’éventail des tessitures. Onctueuse et paternelle, son autorité se montre impitoyable sans négliger de faire affleurer l’attachement à sa fille, idolâtrée en une vestale dont la profanation ne peut être lavée que par la seule vengeance. Au-delà du monolithisme généralement consacré dans ce caractère, la basse livre une composition plus nuancée, sinon plus humaine, sans trahir pour autant le fanatisme religieux atavique.


La clique des Anglais se trouve campée avec un à-propos certain. On reconnaît l’impétuosité lyrique de Florian Laconi qui sied à la flamme juvénile de Gérald, tandis que Christophe Gay concentre la tempérance contrastante de Frédéric. Julie Pasturaud se glisse avec gourmandise dans les afféteries de Mitress Benson, quand Ludivine Gombert et Chloé Briot s’amusent de l’insouciance de Miss Ellen et Miss Rose. Julie Boulianne ne néglige pas la réserve de Mallika, inscrite dans un timbre idoine. Loïc Félix affirme avec un éclat appréciable la bienveillance de Hadji. Mentionnons encore le marchand chinois de Patrice Laulan, Cyril Héritier en Domben et Xavier Seince, sans oublier les formations chorales avignonnaises placées sous la houlette d’Aurore Marchand.


L’investissement du plateau est assurément porté par la direction engagée de Laurent Campellone, que l’on avait déjà applaudie dans ce même Delibes à Saint-Etienne, et qui restitue la richesse d’une partition tirant parti des différents sucs de la tradition française, sans verser dans le clinquant et l’exotisme, au diapason d’un spectacle efficace et, en fin de compte, assez sobre. Chacun des actes s’identifie à un élément scénographique signifiant et dominant – la butte de terre séparant les univers, le temple de ferblanterie, les lianes de la forêt, le tout rehaussé par les lumières sensibles de Gilles Gentner. Pas plus que les décors de Caroline Ginet, les costumes d’Hanna Sjödin n’accusent ni n’éludent le contexte, et les mouvements chorégraphiques d’Olia Lydaki achèvent de donner un parfum de lointain à une oeuvre construite d’abord autour de sa figure éponyme. Nul besoin de protocole moral pour apprécier son émouvant destin, et Lilo Baur et les siens l’ont bien compris.



Gilles Charlassier

 

 

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