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Une Clémence sans merci

Vienna
Staatsoper
03/29/2016 -  et 1er*, 4, 7 avril 2016
Wolfgang Amadeus Mozart: La clemenza di Tito, K. 621
Benjamin Bruns (Tito), Caroline Wenborne (Vitellia), Hila Fahima (Servilia), Margarita Gritskova (Sesto), Miriam Albano (Annio), Manuel Walser (Publio)
Chor und Orchester der Wiener Staatsoper, Adám Fischer (direction)
Jürgen Flimm (mise en scène), George Tsypin (décors), Birgit Hutter (costumes), Wolfgang Goebbel (lumières)


(© Wiener Staatsoper/Michael Pöhn)


Lorsqu’en 1791 Mozart compose et assiste (18 jours plus tard) à la représentation de La Clémence de Titus, le genre de l’opera seria est déjà obsolète. 225 ans plus tard, ce n’est pas la mise en scène pseudo-moderniste de Jürgen Flimm qui corrigera cette impression: les personnages donnent le sentiment de marionnettes qui jouent tout en se sachant observées, alors qu’une multitude de jeunes femmes aux longues jambes et courtement vêtues sillonnent la scène – certes agréables à observer, mais n’ajoutant rien à l’intrigue et ne contribuant pas à faire passer le temps de manière intelligente. La plus omniprésente de ces jeunes femmes muettes est Bérénice, gagnant ainsi le droit de figurer sur le programme parmi les chanteurs, sans avoir ouvert la bouche ni même avoir été prévue dans le livret imposé à Mozart. Tout cela était-il vraiment nécessaire pour être moderne?


La direction d’Adám Fischer pose elle aussi problème: on apprécie dans les premières minutes son effort pour dégraisser la partition, pour ne pas s’attarder. Rapidement cependant l’intérêt s’amenuise. Les attaques se durcissent, les tempi se rigidifient et le chef hongrois parvient à ternir les timbres de l’orchestre: tant par le style que par les sonorités, on a la sensation d’écouter un enregistrement monophonique d’avant-guerre à la bande passante réduite plutôt que d’être assis à l’opéra. L’inflexibilité des tempi parvient à mettre en quelques occasions les chanteurs et l’orchestre inutilement en péril. Les récitatifs (du reste, merveilleusement accompagnés au pianoforte) sont paradoxalement les moments les plus lyriques de la représentation. La battue sans merci s’assouplit fort heureusement à la fin du second acte, et laisse émerger de fort belles scènes.


L’impact se mesure également sur les chanteurs, dont presque tous semblent obnubilés par le mot d’ordre général «tenez vos tempi!». Hila Fahima (Servilia) ne réussit ainsi pas toujours à faire passer les sentiments qu’elle semble posséder et délivre un timbre un peu vert; Miriam Albano (Annio), malgré ses qualités vocales certaines, sonne bien raide et appliquée, ayant la malheureuse tendance à finir ses phrases sur des accents; Caroline Wenborne s’en tire plutôt bien en Vitellia, positionnant avec précision sa voix dans les vocalises; Benjamin Bruns, dans le rôle-titre, force parfois son timbre, mais ne démérite guère. Manuel Walser (Publio) se détache quelque peu du lot, auteur de fort émouvants solos. La seule à véritablement tirer son épingle du jeu, réussissant à s’imposer face à l’intransigeance du chef, est Margarita Gritskova (Sesto) – plus sobre qu’à son habitude et s’accommodant à la perfection des contraintes de l’interprétation. A son apparition sur scène, les tempi semblent miraculeusement s’élargir et le lyrisme reprendre ses droits.


En fin de compte, c’est une performance en dents de scie, oscillant en permanence entre scènes réussies et sans intérêt, phrasés visiblement travaillés et manque total de lyrisme.



Dimitri Finker

 

 

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