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Beaucoup de violence et un peu de poésie Tournai Maison de la culture, Salle Lucas 04/01/2016 - Joseph Haydn: Quatuor n° 35, opus 20 n° 5
Mieczyslaw Weinberg: Quatuor n° 5, opus 27
Felix Mendelssohn: Quatuor n° 7, opus 80 Quatuor Danel: Marc Danel, Gilles Millet (violon), Vlad Bogdanas (alto), Yovan Markovitch (violoncelle)
Le Quatuor Danel (© Ant Clausen)
Intitulée «Poésie et violence», la quatorzième édition des Voix intimes, le festival européen du quatuor à cordes de Tournai, se concentre cette fois sur trois jours, du premier au 3 avril. Abordable et équilibrée, l’offre permet aux plus motivés d’assister à tous les concerts, sans courir ni se ruiner, à raison de deux par jour, au même endroit, la Salle Lucas de la Maison de la culture.
A l’exception du Quatuor Alfama, qui participe à un spectacle familial avec la comédienne Geneviève Damas, «Pomme Henriette, Quand le quatuor à cordes rencontre la poésie», les cinq autres formations à l’affiche débutent leur prestation avec un quatuor de Haydn et poursuivent avec au moins une œuvre relativement récente (Penderecki, Rihm, Schnittke, Weinberg), voire toute nouvelle, le Quatuor Malibran créant, à cette occasion, le Neuvième Quatuor de Nicolas Bacri, commande de Proquartetto, qui organise l’événement. Ce festival exigeant, bien qu’il tente de s’ouvrir, cette année, à un public plus large, demeure le plus digne d’intérêt du Hainaut occidental, pauvre en manifestations musicales d’envergure et de qualité. Il faut donc qu’il continue d’exister.
Quelques minutes avant l’heure de début annoncée, Dominique Huybrechts, président de l’association, prend la parole, alors que des spectateurs arrivent encore, puis cède la place à Thierry Bouillet qui tente de livrer, dans le brouhaha, quelques mots d’explications sur les œuvres au programme ce vendredi soir. Pourquoi ne pas avoir attendu que tout le monde s’installe ? Le Quatuor Danel bénéficie, en revanche, d’une écoute silencieuse. La formation, fidèle au festival, aborde le Quatuor opus 20 n° 5 (1772) de Haydn tranquillement, sans se presser, le premier mouvement tolérant une dynamique plus resserrée. La finition laisse parfois à désirer, le phrasé manque de netteté et d’élégance, mais les musiciens se montrent subtils et spirituels, en particulier dans le Finale.
Le Quatuor Danel compte parmi les plus ardents défenseurs de la musique de Weinberg, comme l’atteste son enregistrement de ses Quatuors paru chez cpo. Il maîtrise, de toute évidence, son sujet dans le très beau Cinquième Quatuor (1945), dans lequel se perçoit, de temps à autres, l’influence de Chostakovitch. Cette œuvre angoissante, suffocante même, implique un engagement important des interprètes, les premier et second violons ayant la curieuse habitude de jouer les pieds levés, surtout dans les moments de grande intensité.
Le ton demeure sombre et tragique dans la seconde partie. Les interprètes restituent avec vigueur la douleur et l’âpreté du Quatuor en fa mineur (1847) de Mendelssohn, exécuté avec rigueur et clarté. Les tempi paraissent plutôt rapides, par rapport à ceux observés dans Haydn, mais sans exagération, ce qui confère, à juste titre, beaucoup de souffle et d’urgence à cette œuvre désespérée. L’Elégie de Chostakovitch met opportunément un terme à ce concert qui penche nettement d’un côté de la thématique de cette édition.
Le site des Voix intimes
Le site du Quatuor Danel
Sébastien Foucart
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