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Entre l’angoisse et l’espérance

Paris
Philharmonie 1
03/29/2016 -  et 30 mars 2016 (Grenoble)
Johannes Brahms : Ein deutsches Requiem, opus 45
Camilla Tilling (soprano), Rudolf Rosen (baryton)
Chœur de chambre les éléments, Joël Suhubiette (chef de chœur), La Chambre philharmonique, Emmanuel Krivine (direction)


E. Krivine (© Fabrice Dell’Anese)


On connaît, depuis ses années lyonnaises, la proximité d’Emmanuel Krivine avec l’univers de Brahms. Son très beau Requiem allemand vient de la confirmer à la Philharmonie. Adepte de tempos assez allants, il n’en fait pas, comme certaines baguettes de jadis, un grand rituel postromantique, dominé par la figure divine, mais plutôt un drame humain, entre l’angoisse et l’espérance. Non que l’œuvre perde de sa puissance : en témoignent les gigantesques fugues chorales, impeccablement maîtrisées. Le « Selig sind, die da Leid tragen » initial, déjà, conjugue la ferveur et la grandeur, plus proche de Mendelssohn que de Bruckner. On y découvre un magnifique Chœur de chambre les éléments, homogène et souple – il sera seulement un peu court pour les pages les plus dramatiques, comme la fin de « Herr, lehre doch mich », où se ressent l’effort des voix aiguës. La direction conserve aussi une grande fluidité, malgré des cordes souvent un rien râpeuses : Brahms se pose ici en héritier de la tradition classique. Le chef dose admirablement, surtout, les contrastes et les enchaînements, parfois à l’intérieur même d’une partie, tel le « Denn alles Fleisch, es ist wie Gras ». Elle a autant de sérénité pour les couleurs paradisiaques de « Wie lieblich sind deine Wohnungen » que de violence pour les ténèbres du Jugement dans « Denn wir haben hie keine bleibende Statt ». Solistes à l’unisson : baryton solide de Rudolf Rosen, soprano d’une pureté éthérée de Camilla Tilling, dont le « Ihr habt nun Traurigkeit » apporte le sourire de la consolation. Mais ce Requiem allemand, jusqu’à la fin, garde ses clairs-obscurs : le « Selig sind die Toten » n’est pas tout à fait apaisé, comme si la lumière de l’au-delà restait un peu voilée.



Didier van Moere

 

 

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