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L’atout de la brièveté

Amsterdam
De Nationale Opera
03/19/2016 -  et 19*, 22, 24, 27, 29 mars 2016
Kaija Saariaho : Only the Sound Remains (création)
Philippe Jaroussky (Spirit of the young man, Angel), Davone Tines (Monk, Fisherman), Nora Kimball-Mentzos (danseur)
Quatuor vocal du Nederlands Kamerkoor, Eija Kankaanranta (kantele), Camilla Hoitenga (flûte), Niek KleinJan (percussion), Quatuor Dudok, André de Ridder (direction musicale)
Peter Sellars (mise en scène), Julie Mehretu (scénographie), Robby Duiveman (costumes), James F. Ingalls (lumières), Christophe Lebreton (son)


D. Tines, P. Jaroussky, N. Kimball-Mentzos (© Ruth Walz)


La nouvelle œuvre de Kaija Saariaho (née en 1952), Only the Sound Remains, un diptyque d’opéras fondés sur deux pièces du théâtre nô, vient d’être créée à Amsterdam dans le cadre du Opera Forward Festival ’16 de De Nationale Opera, qui fête son cinquantième anniversaire. Il s’agit d’une coproduction avec Helsinki, Madrid, Toronto et Paris, où on devrait la voir en janvier 2018.


Cette œuvre, dans la réalisation de Peter Sellars, est beaucoup moins enthousiasmante que ce que l’on a déjà pu entendre de la compositrice finlandaise, notamment L’Amour de loin. Pourtant, les deux pièces du théâtre nô japonais du XIVe siècle, dans des adaptations d’Ezra Pound et Ernest Fenellosa, Always Strong (Tsunemasa) et Feather Mantle (Hagoromo) avec leurs deux personnages chacune et un contenu très poétique sur le thème de la disparition sont un choix excellent et un substrat littéraire tout à fait idéal. Britten avait puisé à la même source pour réaliser un chef-d’œuvre, Curlew River. Saariaho n’a pas été inspirée au même degré et sa musique vocale comme les paysages symphoniques éthérés, dont certaines parties sont traitées par des moyens électroniques, souffrent dans cette œuvre, particulièrement dans Always Strong, d’une certaine monotonie. La brièveté des deux pièces en est l’atout majeur.


De même Sellars, peut-être moins motivé par l’abstraction des situations, n’a pas donné le meilleur de lui-même et est resté dans une certaine neutralité par rapport à l’action. La seconde pièce du dytique, Feather Mantle, qui fait intervenir une danseuse, la magnifique Nora Kimball-Mentzos, tranche un peu avec l’inertie de la première mais ne réussit pas à rendre passionnante une soirée, pourtant courte (2 heures) mais à qui l’entracte, comme bien souvent, a beaucoup nui, car les deux pièces auraient gagné à être jouées à la suite.


Pourtant, la réalisation musicale comporte beaucoup d’atouts avec deux excellents chanteurs, le baryton-basse Davone Tines et le contre-ténor Philippe Jaroussky se partageant les deux rôles respectifs des deux opéras. Leurs lignes musicales sont hélas trop monotones et s’il n’y avait pas certains artifices de réverbération et surtout l’effet très frappant de contraste entre ces deux voix si typées, l’ennui pourrait vite s’installer. L’ensemble instrumental dirigé par André De Ridder, très raffiné dans sa composition avec un kantele, instrument à cordes pincées traditionnel de Carélie, et une intéressante combinaison entre un quatuor de cordes et un grand choix de flûtes et de percussions, ainsi qu’un quatuor vocal, était agrémenté d’effets stéréophoniques d’enveloppement réglés par David Poissonnier et une musique électronique additionnelle de Christophe Lebreton.


La scénographie très minimaliste de Julie Mehretu, les magnifiques costumes de Robby Duiveman ainsi que de très beaux éclairages de James Ingalls donnaient une unité esthétique assez irréelle à ce spectacle malheureusement plombé par une direction d’acteurs beaucoup trop statique de Peter Sellars et qui aurait peut-être été plus à sa place dans un théâtre de moindres dimensions.



Olivier Brunel

 

 

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