About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Pari réussi

Paris
Théâtre national de Chaillot
03/23/2016 -  et 27 (Ferrara), 30, 31 (Vicenza) janvier, 6, 7 février (Neuchâtel), 8 (Caen), 19 (Le Creusot), 24, 25, 26, 29, 30, 31 mars, 1er avril (Paris), 26, 27, 28 mai (Sceaux) 2016
Tristan et Isolde: «Salue pour moi le monde!»
Joëlle Bouvier (chorégraphie), Emilio Urbina et Rafael Pardillo (assistants chorégraphie), Daniel Dollé (dramaturgie), Emilie Roy (scénographie), Sophie Hampe (costumes), Renaud Lagier (lumières)
Sarawanee Tanatanit (Isolde), Geoffrey Van Dyck (Tristan), Armando Gonzalez Besa (Le roi Mark), Sara Shigenari (Le témoin), Ballet du Grand Théâtre de Genève


(© GTG/Grégory Batardon)


On connaît l’histoire de cette chorégraphie réalisée en mai 2015 pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève à l’invitation de Philippe Cohen, qui avait laissé à Joëlle Bouvier, après le succès en 2011 de son Roméo et Juliette, le choix entre Norma, Tosca et Tristan. Il s’est porté sur le fleuve wagnérien, un pari risqué, la musique en étant si difficile à fragmenter et les personnages à extraire de leur contexte purement lyrique.


Le pari n’était donc pas gagné d’avance mais il faut avouer que malgré quelques réticences, on a admiré cette grande heure et demie (la durée moyenne d’un acte de l’opéra, dont l’intégralité s’étend de trois heures quarante à quatre heures trente selon le chef) de danse admirable, à la chorégraphie très inventive, utilisant une scénographie ingénieuse (Emilie Roy) et des éclairages virtuoses (Renaud Lagier). Les réticences viennent du fait de la musique, qui est en elle même envahissante et a priori ne laisse que peu de place à la danse. D’où probablement un degré de lecture différent de la chorégraphie selon que l’on connaît déjà bien l’opéra de Wagner ou que l’on s’en tient aux indications du résumé ou à des souvenirs littéraires de la légende.


Le découpage musical réalisé par Joëlle Bouvier n’est pas des plus évidents. Utilisant la mythique version de Carlos Kleiber avec la somptueuse Staatskapelle de Dresde, elle en a isolé du premier acte des larges extraits du duo entre Isolde et Brangäne, évitant la scène du philtre, passé du premier au deuxième à l’aide d’un des Wesendonck-Lieder puis utilisé du deuxième des extraits de la chasse et du duo d’amour mais surtout quasiment tout le long monologue du Roi Marke, un des plus forts moments de cette pièce. Puis du troisième acte, des extraits de l’agonie de Tristan et bien sûr le Liebestod d’Isolde.


Les interprètes principaux étaient entourés de personnages secondaires multipliés: plusieurs Kurwenal et Brangäne, donnant lieu à des très belles scènes de groupe alternant avec des solos, duos trios admirablement réglés et interprétés. Le Roi Mark d’Armando Gonzales Besa et l’Isolde de Sarawanee Tanatanit dominaient largement la distribution, alors que le Tristan de Geoffroy Van Dyck paraissait plus effacé. Il fait tenir compte dans cette appréciation de la façon dont chaque danseur «collait» à la voix enregistrée, double tranchant de l’entreprise. Les deux premiers s’appariaient mieux aux voix somptueuses respectivement de Kurt Moll, un des meilleurs Roi Marke de la très riche discographie de l’opéra, et de Margaret Price que Tristan, à celle plus nasillarde et déjà fatiguée en 1982 du ténor René Kollo. Et puis ce personnage du Témoin, incarné avec passion par Sara Shigenari, est-il Brangäne ou un narrateur de l’action? Une magnifique danseuse dont le rôle de liaison entre les scènes est une belle idée.


Très belle réussite donc à l’actif de Joëlle Bouvier, qui signe là une des plus originales chorégraphies vues cette saison dans riche la programmation de Didier Deschamps.



Olivier Brunel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com