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Pâques à Amsterdam

Amsterdam
Concertgebouw
03/18/2016 -  et 20 mars 2016
Johann Sebastian Bach : Matthäus-Passion, BWV 244
James Gilchrist (Evangelist), Christopher Maltman (Christus, basse), Carolyn Sampson, Lydia Teuscher (sopranos), Lawrence Zazzo, James Laing (contre-ténors), Jeremy Ovenden (ténor), Thomas Oliemans (basse)
Groot Omroepkoor, Nationaal Jongenskoor, Benjamin Bayl (chef de chœur), Koninklijk Concertgebouworkest, Ivor Bolton (clavecin et direction)


I. Bolton


Aux Pays-Bas à l’approche de Pâques, on ne compte plus les représentations des Passions de Bach. Les plus prisées restent celles de la Société Bach néerlandaise données dans la très belle église de Naarden mais la salle historique du Concertgebouw d’Amsterdam en accueille aussi plusieurs interprétations.


Peut-on rêver une salle de concert plus civilisée que cette merveille du XIXe siècle dont le bois et la forme en boîte à chaussures garantissent une acoustique après laquelle les acousticiens du monde entier continuent de courir...? Et malgré son relatif éloignement du centre, elle est accessible à pied de partout. L’accueil est unique, le personnel ne tend pas la main pour vous réclamer un pourboire mais éventuellement pour vous indiquer une meilleure place que la vôtre s’il en est une qui soit libre. A l’entracte toutes les boissons sont offertes et, durant la période de Pâques, on vous offre même des chocolats. A seulement trois heures de Paris, on se croirait sur une autre planète...


Une des Passions selon saint Matthieu offertes en ce dimanche des Rameaux était celle dirigée par Ivor Bolton à la tête de l’Orchestre royal du Concertgebouw et du Grand Chœur de la radio. Luxe évident avec une belle distribution dont David Daniels s’était désisté. Concert admirable mais concert seulement. On a tellement entendu cette œuvre par de petits ensembles, dans des lieux plus restreints et moins adaptés au concert mais où la proximité avec le public rendait l’œuvre plus théâtrale. C’est donc à une Passion plutôt dédramatisée que l’on a assisté, savourant tour à tour les arias, chorals, interventions de l’Evangéliste, le seul un peu animé (l’excellent ténor anglais James Gilchrist) mais restant très à distance de la dimension passionnelle de l’œuvre. Le Groot Omroepkoor, ensemble très réputé aux Pays-Bas préparé par Benjamin Bayl possède d’excellent chanteurs dont certains assurent les petits rôles de la Passion (excellent Judas de Ludovic Provost) mais est beaucoup plus préoccupé par le son que par le verbe. Leur allemand était quasiment incompréhensible.


Christopher Maltman qui assurait les airs de basse et la partie du Christ dominait aisément une distribution dans laquelle figuraient beaucoup de chanteurs venus de l’univers baroque, ce qui crée toujours un déséquilibre gênant (Lawrence Zazzo pour les airs d’alto du Chœur II et aussi James Laing remplaçant David Daniels pour ceux du chœur I). Excellents le soprano britannique Carolyn Sampson et la basse néerlandaise Thomas Oliemans. Avec un tel orchestre, le chef britannique Ivor Bolton jouait sur du velours et sa direction plutôt lente sans être pompeuse magnifiait l’œuvre comme une superbe pièce de concert.



Olivier Brunel

 

 

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