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Un Songe pour faire de beaux rêves

Metz
Opéra-Théâtre
03/04/2016 -  et 6, 8 mars 2016
Benjamin Britten: A Midsummer Night’s Dream, opus 64
Fabrice di Falco (Oberon), Mélanie Boisvert (Tytania), Scott Emerson (Puck), Luc Bertin-Hugault (Theseus), Sylvie Bichebois (Hippolyta), Isaiah Bell (Lysander), Igor Gnidii (Demetrius), Mariana Rewerski (Hermia), Valérie Condolucci (Helena), Gustavo Gibert (Bottom), Misha Schelomianski (Quince), Osvaldo Peroni (Flute), Thomas Roediger (Snug), Julien Belle (Snout), Antoine Chenuet (Starveling)
Chœur d’enfants spécialisé du Conservatoire à rayonnement régional de Metz Métropole, Annick Hoerner (chef du chœur), Orchestre national de Lorraine, David T. Heusel (direction)
Paul-Emile Fourny (mise en scène), Louis Désiré (décors, costumes), Patrick Méeüs (lumières)


(© Arnaud Hussenot/Opéra-Théâtre de Metz Métropole)


Cette saison, l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole s’engage dans un projet autour de Shakespeare à l’occasion du quatre centième anniversaire de sa mort. Outre diverses manifestations périphériques, comme des concerts et une lecture d’extraits d’œuvres de l’écrivain par Daniel Mesguich, il programme trois des principales adaptations musicales du Songe d’une nuit d’été : The Fairy Queen de Purcell, du 17 au 19 mars, dans une mise en scène et une adaptation de Laurent-Guillaume Dehlinger, la musique de scène de Mendelssohn, du 1er au 3 avril, dans une chorégraphie de Laurence Bolsigner-May, et, avant ces deux spectacles, une production du chef-d’œuvre de Britten créé à Aldeburgh en 1960.


Paul-Emile Fourny, directeur artistique de l’institution messine, met en scène cet opéra pour la troisième fois, après Buenos Aires en 2006 et Nice en 2008. Comme l’attestent la justesse de la caractérisation des personnages et la fluidité de la direction d’acteur, il maîtrise les particularités de cet univers onirique et féerique dans lequel s’imbriquent plusieurs intrigues. Il règne ainsi une constante effervescence théâtrale dans ce spectacle amusant et poétique, trop sage, toutefois, mais cohérent et fidèle à l’esprit de l’ouvrage. La scénographie s’avère plaisante en dépit de moyens modestes. Ce vallon sommairement suggéré, ces coquelicots géants, ces chaises enchevêtrées et empilées pour former un monticule ou alignées comme au théâtre présentent peu d’originalité mais ce décor bien exploité bénéficie des lumières habiles de Patrick Méeüs. Alors que la scène baigne dans des couleurs sombres, les enfants portent des pyjamas noirs ; opter pour le blanc, ou, du moins, pour des teintes claires, aurait été préférable pour eux.


Même si la distribution ne comporte pas de chanteurs d’exception, personne ne se positionne en retrait, chacun se montrant aussi bon chanteur que comédien, ce qu’il faut précisément ici. Le rôle d’Obéron échoit, de nouveau, à Fabrice di Falco, comme à Buenos Aires et à Nice : le contre-ténor martiniquais, qui possède un timbre approprié pour ce personnage, dévoile un talent manifeste pour la comédie et une incontestable présence scénique. La voix colorée et agile de Mélanie Boisvert l’autorise à incarner Titania avec la grâce et la vivacité requises, la ligne de chant accusant, toutefois, l’une ou l’autre dureté. Isaiah Bell, Igor Gnidii, Mariana Rewerski et Valérie Condolucci, respectivement Lysandre, Démétrius, Hermia et Hélène, forment deux couples d’amants bien appariés et vocalement sans défaut majeur, le premier d’entre eux, ténor canadien pour le moment peu connu en Europe, se démarquant au moyen d’un timbre séduisant et d’un chant remarquable.


Luc Bertin-Hugault se montre excellent en Thésée mais il s’agit, hélas pour lui, d’un rôle secondaire, le constat valant également pour l’Hippolyte de Sylvie Bichebois – tous deux apportent l’autorité nécessaire à leur personnage. Pas de Songe réussi sans d’excellents Bottom et Puck : Gustavo Gibert et Scott Emerson, l’un aussi déluré que l’autre, répondent aux attentes grâce à leur sens de la comédie, à leur diction et à leur énergie. Parmi les artisans, savoureusement croqués, il faut applaudir le Flute amusant d’Osvaldo Peroni, habillé en femme plantureuse dans la seconde partie – l’exemple de chanteur exercé dans les rôles de caractère et généralement remarqué, à tort, moins pour sa voix que pour son jeu théâtral alors qu’il excelle dans les deux disciplines.


La prestation de l’Orchestre national de Lorraine constitue, en définitive, une agréable surprise : manquant d’abord de présence et d’assurance, gagnant ensuite en plénitude et en netteté, il rend justice à la finesse et à la poésie de l’orchestration. David T. Heusel dirige des musiciens minutieux, en particulier les bois, les cuivres et les percussions, avec un souci manifeste de clarté et de nuance tout en établissant un équilibre idéal avec le plateau. Les enfants du Chœur spécialisé du Conservatoire à rayonnement régional de Metz Métropole décrochent une mention honorable pour leur implication et leur aisance sur scène, en particulier ceux distribués dans les petits rôles de Cobweb, Mustardseed, Peaseblossom et Moth. Cette production aux nombreux mérites confirme que cet opéra se prête bien à être représenté dans une salle de dimensions moyennes comme celle-ci.



Sébastien Foucart

 

 

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