About us / Contact

The Classical Music Network

Vienna

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Trublion du violon

Vienna
Konzerthaus
02/16/2016 -  et 31 décembre 2015 (Bolzano), 13 (St. Pölten), 15 (Linz), 17 (Graz), 18 (Salzburg) février 2016
«Fasten Seatbelts»
Œuvres d’Aleksey Igudesman, inspirées d’œuvres du monde entier

Aleksey Igudesman (violon, acteur, chant), Rusanda Panfili (violon, danse), Manaho Shimokawa (danse)


A. Igudesman, R. Panfili (© Julia Wesely)


Un public plus débraillé qu’à l’habitude sillonne les abords du Konzerthaus: dans la grande salle, Thomas Hampson joue les crooners avec un programme jazz; dans la salle Mozart, c’est Aleksey Igudesman qui fait le pitre. Pour ceux qui ne connaissent pas encore le personnage, Igudesman est un violoniste russe (né en 1973) au parcours académique absolument honorable (école Yehudi Menuhin, conservatoire de Vienne avec Boris Kuschnir...) dont la veine créatrice et comique s’est progressivement développée pour l’amener à composer des spectacles musicaux. Alors, blagues musicales ou bien musique sur fond de blagues? Analysons les différents aspects de sa prestation.


Pour espérer séduire le public viennois et le faire rire, il faut tout d’abord bien assurer la partie musicale. Rien ne serait de plus désespérant qu’une interprétation bâclée parsemée de sketchs; le rire en deviendrait gêné, peut-être honteux. Igudesman n’esquive pas le problème: assurer une grande partie de la soirée en solo ou en duo pour violons demande non seulement une bonne dose d’audace mais aussi de solides moyens techniques. Jouer au violon sans accompagnement, c’est comme se présenter en sous-vêtements sous les projecteurs. Ni lui, ni sa partenaire (Rusanda Panfili) ne trichent: mise en place impeccable, pièces sans concession, le panache en plus. On passe en virevoltant des airs russes traditionnels aux inflexions klezmer en transitant par les rythmes latino ou la musique rap. On reconnaît sa solide culture violonistique aux traits empruntés aux œuvres virtuoses de Paganini, Ysaÿe, parfois Bartók. Si certaines pièces restent proches de l’originale (arrangement pour deux violons sur Ah, vous dirai-je maman de Mozart), d’autres mélangent sans complexe les genres musicaux les plus incongrus.


Derrière la musique il y aussi la gestuelle. Chacun sa spécialité: Igudesman ce sont les coups de sourcils ébaubis et broussailleux (que l’on devine innés; parions que le professeur du petit Aleksey était soit plié de rire, soit agacé de ses mimiques), Rusanda Panfili ce sont les minauderies et les ondulations langoureuses. Ajoutons à cela quelques prouesses acrobatiques où les archets s’entrecroisent, et l’apparition de la gracieuse Manaho Shimokawa, qui vient mettre la danse en compétition face au violon.


Enfin il y a le verbe: tel un véritable comédien de stand-up, Igudesman adore parler. Ses thèmes préférés: les blagues de musiciens bien sûr, mais aussi des histoires russes et viennoises (avec des imitations irrésistibles d’accents locaux). Il a le sens du rythme, et aussi celui du business («CDs et partitions à la sortie»)!


Il y sans aucun doute quelque chose de libérateur à ce spectacle: pour des instrumentistes qui ont passé une grande partie de leur vie à calculer minutieusement des déplacements millimétrés sur la touche d’un violon, découvrir les ressources cachées de leur instrument est peut-être une révélation (oui, il est possible de jouer sur un violon désaccordé! on peut le faire grincer, craquer pour en tirer des effets musicaux). De l’énergie qui se dégage de la scène, il n’y a donc pas de surprise à voir une foule de spectateurs se ruer sur les partitions à la sortie du spectacle.


Le site d’Aleksey Igudesman



Dimitri Finker

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com