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Vibrer avec Mozart, communier avec Gardiner

Paris
Philharmonie 1
01/25/2016 -  et 24 janvier 2016 (Barcelona)
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 40 en sol mineur, K. 550 – Grande messe en ut mineur, K. 417a [427]
Amanda Forsythe, Hannah Morrison (sopranos), Gareth Treseder (ténor), Alex Ashworth (basse)
Monteverdi Choir, English Baroque Soloists, John Eliot Gardiner (direction)


A. Forsythe (© Arielle Doneson)


A deux jours près, on célébrait, ce 25 janvier 2016, le deux cent soixantième anniversaire de la naissance de Wolfgang Amadeus Mozart. Occasion pour le mélomane de courir entendre John Eliot Gardiner diriger ce concert qui rassemblait deux des œuvres les plus célèbres du compositeur autrichien, jouées dans le cadre d’une tournée qui emmena les musiciens à Bristol, Udine, Salzbourg, Barcelone, Paris donc, avant de finir le 27 janvier à Londres, au cours de laquelle furent également données selon les étapes les Trente-neuvième et Quarante-et-unième symphonies, ainsi que le Requiem.


Dirigeant un orchestre conséquent (vingt-huit cordes auxquelles s’ajoutent hautbois, clarinettes, bassons et cors par deux ainsi qu’une flûte) mais à la texture considérablement allégée, John Eliot Gardiner commence par nous offrir une magnifique Quarantième Symphonie (1788), dont la célébrité ne doit pas occulter le fait qu’elle est somme toute assez rarement donnée en concert. Les violons, sous la houlette de la toujours sémillante Kati Debretzeni, jouent sur du velours, la clarinette solo de Nicola Boud (qu’on a davantage l’habitude d’entendre au sein de l’Orchestre des Champs-Elysées de Philippe Herreweghe) nous charme à chaque instant et les deux cors, tantôt placés chacun aux extrémités de l’orchestre, tantôt jouant côte à côte, instaurent immédiatement ces accents frissonnants reconnaissables entre tous. Le chef anglais sait varier les atmosphères et, grâce aux superbes couleurs de l’orchestre (qui joue debout à l’exception des seuls violoncelles et contrebasses), nous transporte aussi bien dans les élans du Molto allegro initial que dans le presque rustique Menuetto: Allegretto. Chaleureusement saluée par le public, cette entrée en matière laissait augurer d’une suite tout aussi convaincante.


Et quelle suite! Car, là aussi, on ne peut pas dire que la Grande messe en ut mineur (1783) soit fréquemment à l’affiche des salles de concert. L’orchestre, augmenté de quelques musiciens exigés par la partition (trois trombones, deux trompettes, des timbales et un orgue, les clarinettes ayant en revanche disparu) joua assis cette fois, avec derrière lui les vingt-huit membres du Chœur Monteverdi. C’est peu dire que cette Grande messe fut intense, la théâtralité de certaines options de John Eliot Gardiner (les attaques du chœur dans le Gloria!) ne sacrifiant jamais à la ferveur communicative d’une interprétation en tous points exceptionnelle. Après les premiers accords de l’orchestre, la seule entrée du chœur dans le Kyrie fut incroyable, un léger statisme des voix laissant immédiatement place à une libération croissante du son qui emplit la salle de la Philharmonie, transformée en un instant en une immense cathédrale. Quant à l’entrée en scène de la soprano Amanda Forsythe dans ce même Kyrie, elle fut à proprement parler miraculeuse tant par sa finesse que par sa justesse; et que dire de son «Et incarnatus est» (accompagnée par des vents, notamment la flûte de Rachel Beckett, à se damner), écouté dans un silence absolu comme on aimerait en profiter plus souvent. L’ovation qu’elle reçut de la part du public à la fin n’était que méritée: plus que jamais, son nom est à retenir! Difficile pour sa partenaire Hannah Morrison d’être au même niveau et, pourtant, dans le Gloria, son «Laudamus te» et le duo entre les deux sopranos dans le «Domine Deus» furent vibrants d’un bout à l’autre. Si la voix du ténor Gareth Treseder fut à notre goût un peu trop discrète dans son «Quoniam tu solus sanctus», le quatuor conclusif dans le Benedictus (la basse n’intervenant qu’à ce moment) s’avéra en revanche idéal. Mais, comme souvent lorsqu’on les entend, c’est surtout le Chœur Monteverdi qui remporta les suffrages: les vingt-huit chanteurs témoignèrent une fois encore de leur professionnalisme sans faille, passant en un instant de l’éclat au murmure, de la joie au recueillement. John Eliot Gardiner se contente pourrait-on dire de gérer l’ensemble mais, évidemment, il fait bien davantage. Garant de l’équilibre général, il est plus que jamais le chef d’orchestre d’une équipe qui éprouve un évident plaisir à faire de la musique ensemble et dont la prestation collective fut saluée avec un rare enthousiasme par une Philharmonie comble.


Dernière surprise du chef anglais et de ses musiciens: alors qu’on pouvait s’attendre à terminer le concert sur les derniers accords du Benedictus, ils nous offrirent en bis un Ave verum corpus là encore d’une ferveur sans égale. Nouveau miracle musical et interprétatif de quelques minutes qui constitua le plus bel hommage qui soit au divin Wolfgang.


Le site de John Eliot Gardiner, du Chœur Monteverdi et des Solistes baroques anglais
Le site d’Amanda Forsythe
Le site de Gareth Treseder
Le site d’Alex Ashworth



Sébastien Gauthier

 

 

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