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La Monnaie
03/20/2001 -  et: 22, 25, 27, 29 mars, 1er, 3, 5 et 7 avril 2001
Pyotrr Il'yich Tchaikovsky: Yevgeny Onegin
Peter Mattei (Yevgeny Onegin), Nina Stemme (Tatyana), Zoran Todorovich (Lenski), Elena Cassian (Olga), Phillip Ens (Prince Gremin), Nina Romanova (Madame Larina), Anne Collins (Filipyevna), Guy de Mey (Monsieur Triquet), Chris De Moor (Zaretsky), Gerard Lavalle (Rodny),Tie Min Wang (Chantre), Philippe Crespin (Monsieur Guillot),

Christof Loy (mise en scène), Erich Wonder (décors), Bettina Walter (costumes), Alexander Koppelmann (éclairages), Stun Celis (chorégraphie),
Renato Balsadonna (chef des choeurs),
Lothar Zagrosek (direction musicale)

Il est difficile de rendre compte de cette nouvelle production d’Eugene Onéguine, tant l’émotion est forte à la sortie de ce spectacle, le troisième que Christof Loy monte pour la Monnaie et vraisemblablement, au vu des commentaires entendus à l’entracte, le plus controversé.
Dans un décor unique d’Erich Wonder, volontairement assez laid et déprimant, assez confus par ailleurs, une Russie très violente et très éloignée de la tradition nous est proposée, aussi bien dans la campagne de la première partie que dans le palais princier de la deuxième (plus policée en apparence seulement). Ainsi Loy débarrasse l’œuvre de toute sentimentalité mièvre bien trop souvent rencontrée pour nous décrire des personnages profondément caractérisés jusqu’au moindre petit rôle et qui vivent leurs contradictions, leur recherche vaine du bonheur dans la douleur. Peux t-on vraiment regretter certains excès démonstratifs, comme la scène de l’anniversaire de Tatyana nous montrant une Olga exhibitionniste et complètement saoule ? Dans un premier temps, ces effets mettent mal à l’aise mais, pris dans l’ensemble de la représentation, ils prennent tout leur sens et il est indéniable que l’œuvre est respectée, qu’il y a une vraie cohérence et que la proposition de Loy finit par convaincre. C’est une mise en scène qui atteint la même émotion que celle de Willy Decker à Cologne et Paris, dans une direction pourtant complètement différente.
Il faut dire que Christof Loy bénéficie de la plus belle distribution que l’on puisse rêver avec des chanteurs-acteurs de premier ordre. Bien sûr, Peter Mattei est déjà un très grand Oneguine, composant un saisissant portrait : brutal, maladroit, méprisant, désespéré. Vocalement, tout ce qu’il fait est admirable ; nous avons là le plus grand baryton de sa génération. Nina Stemme avait été une inoubliable Senta la saison dernière à l’Opéra des Flandres ; elle est une toute aussi sublime Tatyana, bouleversante comme il n’est pas possible avec une voix aux moyens impressionnants. Zoran Todorovich émeut aussi en Lenski, sa voix s’épanouissant à merveille dans cette tessiture idéale pour lui ; capable de piani ineffables dans son air pendant lequel le temps se suspendait. Entourant ce trio admirable, d’excellents interprètes : Elena Cassian, à la voix cuivrée, Nina Romanova, poignante Larina, luttant contre le fuite du temps, Anne Collins efficace nourrice, Guy de Mey, inquiétant et bien chantant Monsieur Triquet, sans oublier Phillip Ens qui fait une apparition remarquable, phrasant son air avec un beau legato.
Le chœur, extrêmement sollicité par le metteur en scène, a fait des prodiges et la chorégraphie teintée d'ironie de Stun Celis est très réussie.
Enfin, la direction de Lothar Zagrosek, volontairement au bord du déséquilibre, tire du magnifique orchestre de la Monnaie des sonorités nostalgiques, respectant admirablement l’équilibre entre la fosse et la scène et vivant cette musique avec une grande sensibilité, à l’image de cette représentation que l’on n’oubliera pas de sitôt.



Christophe Vetter

 

 

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