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Ne pas chercher à comprendre

Bruxelles
Flagey
01/06/2016 -  et 7, 9* janvier 2016
Pascal Dusapin: To be sung
Marisol Montalvo (soprano 1), Allison Cook (soprano 2), Geneviève King, Judith Gauthier (soprano 3), Dale Duesing (récitant), Marie-Louise Wilderijkx (danse)
Orchestre symphonique de la Monnaie, Bassem Akiki (direction)
Sjaron Minailo (mise en scène), Renato Nicolodi (décors), Christophe Coppens (costumes), Maarten Warmerdam (éclairages), Thierry Coduys (électroacoustique)


(© Hofmann/La Monnaie)


La saison hors les murs de la Monnaie se poursuit avec une nouvelle production de To be sung de Pascal Dusapin (né en 1955) à Flagey, moins d’un an après la création de son précédent opéra, Penthesilea.


Créé au Théâtre des Amandiers de Nanterre en 1994, cet opéra de chambre requiert peu de moyens : un récitant, trois sopranos et un petit ensemble constitué d’un violoncelle, d’une contrebasse, d’une flûte, d’un hautbois, d’une clarinette, d’une trompette et d’un trombone. Et s’il comporte quarante-trois numéros, il ne dure qu’une heure et quart. D’histoire, il n’en est aucunement question : d’après A Lyrical Opera Made by Two (1928) de Gertrude Stein (1874-1946), écrivain et collectionneuse d’art américaine ayant vécu à Paris, le livret, abstrait, repose sur une syntaxe libre, jusqu’à répéter souvent plusieurs fois le même mot, et joue sur des effets phonétiques. La musique, aride, ne suscite aucune émotion mais se mêle intimement à la sonorité de ce texte hermétique et sans queue ni tête que Stein destinait à être chanté. Voilà l’impression que laisse cette œuvre d’une beauté froide, nettement moins dramatique et captivante que Penthesilea, mais qui présente au moins l’intérêt de renouveler radicalement le genre de l’opéra.


Les trois sopranos, parmi lesquelles émerge surtout la voix à l’aigu pur de Marisol Montalvo, apparaissent dans de surprenants costumes, création originale et esthétique de Christophe Coppens qui a en revanche dessiné une tenue disgracieuse pour la danseuse. Admirable récitant, Dale Duesing apporte un peu de chaleur et d’humanité au texte mais il demeure invisible durant toute la représentation tandis que les musiciens, placés, eux, sur scène, assurent une exécution précise sous la direction de Bassem Akiki. Dans l’incapacité de chanter ce samedi, Geneviève King joue tout de même son rôle sur scène tandis que Judith Gauthier chante sa partie à l’écart, près de l’orchestre. Dans un décor simple, constitué de panneaux et de piliers de simili-béton, Sjaron Minailo, appelé par le compositeur lui-même pour mettre en scène la reprise de son troisième opéra, règle un rituel lent et hiératique qui impose une distance, sentiment accru par un tulle qui sépare en permanence la salle et la scène. Les effets de lumières demeurent la plupart du temps ténus, l’éclairage plongeant le plateau dans une atmosphère mystérieuse et vaporeuse. Un vrombissement au début et à la fin confère un aspect cyclique à cette cérémonie dont les codes nous échappent. Un spectacle étrange et atypique, à apprécier, si possible, tel quel, sans chercher à le comprendre.



Sébastien Foucart

 

 

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