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Le Messie est arrivé

Paris
Philharmonie 1
12/22/2015 -  
Georg Friedrich Haendel : Messiah, HWV 56
Carolyn Sampson (soprano), Paula Murrihy (mezzo), Allan Clayton (ténor), Matthew Rose (basse)
accentus, Orchestre de chambre de Paris, Douglas Boyd (direction)


D. Boyd


Trois jours avant Noël, la Philharmonie de Paris affichait complet pour un Messie de Haendel annoncé comme le grand concert de fin d’année de l’Orchestre de chambre de Paris. L’arrivée à la tête de cette formation en septembre dernier de l’Ecossais Douglas Boyd a permis de lancer de nouveaux projets. Parmi ces projets, l’organisation de concerts participatifs destinés aux chanteurs amateurs trouvait ici une première concrétisation.


Ce concert débutait donc par une fort belle et finalement assez classique interprétation du chef-d’œuvre de Haendel. Dès la Sinfonia introductive, Douglas Boyd parvenait à créer un climat à la fois recueilli et habité. L’Orchestre de chambre de Paris, très en forme et investi, se montrait aussi d’emblée juste, précis et réactif. Cette première impression perdura durant tout le concert, qui dévoilera par la suite le beau jeu clair du trompettiste Pierre Désolé et la timbale rebondissante et équilibrée de Nathalie Gantiez.


Douglas Boyd dirige avec enthousiasme et précision une partition qu’il maîtrise de bout en bout, n’hésitant pas à varier, à juste titre, son propos selon les climats d’une musique décidemment très riche. Il n’y a cependant aucun excès dans sa direction passionnée et qui évite de tomber dans la caricature comme le font trop souvent certains interprètes de culture préférentiellement baroque. Mais tout l’esprit de cette musique est bien là, depuis les accents jusqu’aux diminuendi qui font respirer, tout en l’allégeant, cette musique.


Accentus, malgré une belle sonorité d’ensemble, ne convainc pas complètement. Les vingt-six chanteurs, dont curieusement huit soprani alors que les autres pupitres sont constitués de six chanteurs, semblent peu investis, sans joie visible sur des visages fermés, ce qui est en contradiction avec une musique jubilatoire. Aucun départ des basses n’est précis, les alti, constitués de trois hommes et de trois femmes, ne sonnent pas de façon homogène et les ténors manquent de luminosité et de caractère. Une prestation somme toute professionnelle mais sans la joie et l’énergie consubstantielles à cette musique.


Pour ce Messie, Douglas Boyd s’était entouré de quatre solistes, tous britanniques. La soprano Carolyn Sampson, avec un joli timbre clair, réussissait de belles nuances, y compris dans l’aigu du registre. La mezzo-soprano Paula Murrihy, initialement mal à l’aise dans sa première intervention, livrait finalement en deuxième partie un «He was despised» poignant. Le ténor Allan Clayton et la basse Matthew Rose, tous deux dotés d’une belle puissance, ont montré chacun un vrai tempérament musical et une belle aisance vocale, y compris dans les périlleuses vocalises. On l’a donc compris, des solistes qui faisaient tous honneur à l’école de chant britannique.


A l’issue de chaleureux applaudissements très mérités, un véritable petit miracle s’est ensuite produit. Douglas Boyd a dirigé, à titre de bis, près de 300 chanteurs amateurs qui avaient été préparés par Christophe Grapperon, chef de chœur adjoint d’Accentus. Une vraie organisation en amont (remise des partitions, enregistrements des parties séparées, répétitions à la Philharmonie) a permis d’obtenir un magnifique et convaincant résultat et l’Alléluia comme le «And the glory of the Lord» et le «Lift up your heads», conjointement avec Accentus, avaient une sacrée allure. Le professionnalisme et l’enthousiasme de Douglas Boyd sont à l’évidence pour beaucoup dans ce magnifique résultat. Ce moment de joie et de paix partagé offert aux Parisiens était un magnifique cadeau de Noël dans un pays encore traumatisé par les événements récents. A n’en pas douter cette première et très convaincante expérience de concert choral participatif aura des suites. Quand il est question de partage de la musique classique, il faut bien reconnaître que les sujets de Sa Majesté sont imbattables.



Gilles Lesur

 

 

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