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Nelson Freire chez lez jeunes

Paris
Philharmonie 1
12/18/2015 -  
Hector Berlioz : Le Carnaval romain, opus 9
Johannes Brahms : Concerto pour piano n° 2, opus 83
Serge Rachmaninov : Danses symphoniques, opus 45

Nelson Freire (piano)
Orchestre français des jeunes, David Zinman (direction)


D. Zinman (© Priska Ketterer)


Il est magnifique, l’Orchestre français des jeunes, par son enthousiasme et le niveau où il se hisse – même les cordes arrivent à une réelle homogénéité. Et David Zinman, son nouveau directeur, le fera bien travailler, si l’on en juge par son premier concert à la Philharmonie. Il est vrai que le chef américain a l’habitude des ensembles de jeunes : de 1998 à 2010, il a dirigé le festival d’Aspen, qui réunit de jeunes instrumentistes venus du monde entier – en 1957, Milhaud composa pour lui son Aspen Serenade.


La précision, l’éventail dynamique, la balance entre les pupitres, l’énergie rythmique frappent dès l’Ouverture du Carnaval romain. Cela dit, plus encore que dans l’Ouverture de Benvenuto Cellini avec l’Orchestre de Paris l’an passé, la direction accuse une certaine sécheresse dans la flamboyance et l’euphorie. Il n’est pas sûr, de toute façon, que la musique à programme soit la terre d’élection de David Zinman. Les Danses symphoniques de Rachmaninov sont plutôt conçues comme de la musique pure, il y manque ces zones d’ombre, ces hantises, notamment celle de la mort travers le récurrent Dies irae, surtout dans le deuxième mouvement, cette Valse où le musicien russe rejoint à la fois Ravel – La Valse – et Mahler. Paradoxalement, d’ailleurs, la forme peine un peu à se construire, faute de trouver le point d’équilibre avec la dimension rhapsodique. Cela dit, l’interprétation reste à la fois brillante et très tenue, grâce aussi à la maîtrise dont font preuve les jeunes musiciens, avec de très beaux solos.


Le Second Concerto de Brahms réussit mieux au chef américain, visiblement plus à l’aise dans cette architecture plus classique : la trajectoire apparaît ici plus nettement, la musique avance davantage. Reste à savoir si cette approche où le lyrisme tantôt s’épanche tantôt se retient, parfois un peu droite, est tout à fait en phase avec le piano de Nelson Freire – qui trouvait plus d’écho, par exemple, dans la direction de Riccardo Chailly à Leipzig (un concert capté par Decca). Là où le chef « dégraisse », fidèle à lui-même, le pianiste garde une rondeur sensuelle. Et il montre une fougue, une générosité, une puissance éminemment romantiques, alors qu’il joue également en architecte de la grande forme, sachant toujours où il va – n’est-ce pas là, après tout, l’essence de la musique de Brahms ? On a l’impression que lui aussi dirige un orchestre, parce que le jeu déborde de couleurs, pas seulement dans la rêverie de l’Andante, où l’on se régale du violoncelle de Louise Rosbach : les grands élans de passion, exempts de toute dureté, ne les sacrifient jamais à la bravoure. Et le final garde cette légèreté mutine et ludique qui échappe parfois aux meilleurs interprètes de cet opus 83.


Le site de l’Orchestre français des jeunes



Didier van Moere

 

 

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